En attendant une information judiciaire supplémentaire pour compléter et ficeler l’accusation de la dérive financière, le ministère public aurait établi les responsabilités des premières personnes mises en cause.
Les enquêtes sur les fonds décaissés lors des fêtes tournantes pour des projets précis mais utilisés à d’autres fins, continuent par la recherche de preuves supplémentaires.
Dans le cadre de cette enquête ciblée et encadrée, les principaux présumés responsables seront convoqués incessamment avec l’opération « Mamba ». Ce, après la première vague d’inculpation de plusieurs personnalités administratives et politiques qui avaient été interrogées par les enquêteurs des unités de Police Judiciaire.
Selon le Procureur de la République, il s’agit non seulement d’une trahison contre la République pour des faits qualifiés d’association de malfaiteurs et d’abus de biens sociaux, mais aussi des infractions qui exposent leurs auteurs à des lourdes peines d’emprisonnement, outre les peines complémentaires relevant de la qualité des auteurs présumés.
Avec un budget de 50 milliards de francs CFA chaque année pour deux provinces, hormis l’Estuaire qui avait bénéficié de 50 milliards à elle seule, de nombreuses personnalités de tous bords politiques avaient vu en ces fêtes de l’indépendance une aubaine et s’en étaient mis plein les poches. L’absence de contrôle et de suivi les aidant à assouvir leurs instincts véreux.
Actuellement, des responsables de sociétés sont devant des juges d’instruction afin d’établir les responsabilités dans ce scandale financier.
Il est nécessaire de rappeler qu’à chaque édition des « fêtes tournantes », 25 milliards de franc CFA étaient débloqués dans les caisses de l’Etat. Mais les réalisations n’ont pas suivi. Pourquoi la justice cible en premier lieu les responsables de sociétés, alors que ces derniers n’étaient que de simples exécutants ? Qui étaient chargés de gérer les comptes (ordonner le décaissement de l’argent) ?
Pourtant, tous ou presque sont encore vivants et dans les affaires. Il s’agit des anciens plus grands collaborateurs de l’ancien Président de la République. Il était surprenant de constater qu’à Oyem, pendant que les sociétés s’activaient à réaliser quelques travaux, en l’occurrence la route nommée boulevard, pour l’édition du Woleu-Ntem, tous les proches collaborateurs du défunt Omar Bongo avaient édifié de superbes villas tout au long de cette même et nouvelle route.
Par ailleurs, il y a lieu de noter un flou entretenu sur la liste des marchés attribués pour les éditions 2002 et 2003. Comment comprendre en effet, qu’environ 100 milliards de FCFA qui sont sensés servir à la construction et au développement d’infrastructures, par attribution de marchés aux sociétés légalement constituées, ne soient pas “traçables”?
En d’autres termes, on ignore à ce jour le nombre de projets qui ont été financés, et pour quels montants, lors des éditions 2002 et 2003 des fêtes tournantes… Ça donne le tournis.