Baley Beri rappelle Tongo Tongo en octobre 2017. Des soldats américains et nigériens ont vécu un enfer sous la volée de feu des terroristes. Cinq Nigériens et quatre Américains y ont rendu l’âme.
Baley Beri n’a concerné que les militaires nigériens, ce 14 mai 2019. Mais le bilan partiel est plus triste. Près d’une vingtaine de morts. Le scénario de l’attaque semble avoir été bien préparé. D’abord, le sabotage des antennes relais. Ensuite, une mine artisanale sur laquelle saute un véhicule de l’armée nigérienne. Et enfin, le renfort tombe sous le feu nourri de l’embuscade diaboliquement tendue.
Le storyboard ressemble à celui utilisé dans nombre de pays où opèrent les terroristes. De nombreux soldats burkinabè en ont fait les frais. Et l’infernale tactique continue malheureusement de faire recette.
On se demande maintenant ce que cette opération vise comme objectif. Les terroristes, en réalité des narcotrafiquants et des bandits de tout acabit, cachés derrière l’habit factice du « djihadisme », n’agissent jamais sans raison valable.
La première hypothèse est qu’ils ont peut-être mis en oeuvre ce plan pour libérer un corridor, couvrir une manœuvre ou un convoi.
La seconde hypothèse est que ce massacre s’inscrit dans une opération plus vaste dont l’œil est la prison de haute sécurité de Koutoukalé. On se souvient que le 13 mai 2019, les terroristes ont tenté de prendre d’assaut cette prison, histoire de pouvoir libérer leurs semblables. C’est du reste après cette attaque, qui avait donné l’impression d’avoir été un échec, qu’une partie des soldats lancés à la poursuite des assaillants apparemment en fuite est tombée sur un engin explosif, avant que le reste de la compagnie ne s’engouffre dans l’embuscade. Un épilogue qui rend bien amère la « victoire » de l’armée nigérienne à la prison de Koutoukalé.
La troisième hypothèse rejoint un autre plus vaste projet que suggèrent les actes récemment enregistrés dans les pays voisins du Niger, notamment le Burkina Faso, dont le nord est perclus de bleus causés par les coups infligés par les assaillants.
Comme quoi, la lutte contre le terrorisme n’est pas une bataille gagnée définitivement ou durablement. Les Etats se doivent d’être aux aguets à tout moment pour éviter d’essuyer des coups traîtres. La collaboration entre pays doit être plus renforcée, car aucun Etat ne peut à lui seul faire face à ces entreprises de déstabilisation. Le remède le plus efficace dans le temps reste à lutter surtout contre les causes nourricières du terrorisme : une équitable répartition des richesses, tant au niveau des nations, mais surtout, au niveau planétaire.
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