La rencontre d’apaisement entre le ministre de l’Intérieur et l’Archevêque Métropolitain de Libreville Mgr Jean Patrick Iba-Ba a tourné sur les mesures restrictives de l’allègement annoncé par le gouvernement.
Lambert Noël Matha a rassuré Mgr Jean Patrick Iba-Ba que le gouvernement, par l’allègement des mesures restrictives, n’avait aucune volonté de « museler les ordres religieux ». Ces mesures d’allègement sont progressives et concernent tous les secteurs fortement impactés par la pandémie.
L’Archevêque de Libreville a, pour sa part, exprimé le ressenti des fidèles face à la dureté de ces mesures vis-à-vis de l’Etat. Mais le ministre de l’Intérieur a indiqué que cette perception ne reflétait pas la volonté du gouvernement mais s’inscrivait dans un « principe de précaution pour éviter la mise en danger des fidèles et des citoyens ».
Cette rencontre pour le moins surprenante intervient quelques jours seulement après que l’ Archevêque Métropolitain de Libreville « en communion avec toute la Conférence Episcopale du Gabon » eût décrété la réouverture pour ce 25 octobre de toutes les églises et confessions catholiques sur l’ensemble du territoire national.
La logique n’est pas dans l’affrontement. Mais de partager la bonne humeur et la longue tradition.
Le gouvernement gabonais a cédé à la pression, mais a tout de même repoussé de 5 jours, la date désirée par l’église catholique et apparentées. Ainsi, les églises pourront ouvrir leurs portes mais en respectant de strictes règles sanitaires.
Entre autres, les lieux de culte seront ouverts une fois par semaine à raison de 30 fidèles par célébration religieuse. De plus, plusieurs mesures restrictives s’appliqueront à ces lieux : le nettoyage des lieux une heure avant chaque célébration, l’autorisation d’ouverture à recueillir auprès des autorités et la menace de 5 millions en cas de non-respect des mesures édictées par le ministère de la Santé.
De quoi rester peu joyeux pour cette réouverture consentie par le gouvernement aux religieux. Les chrétiens qui souhaitaient célébrer la fête du Christ-Roi le 25 octobre, ont été renvoyé à le différer ou à le célébrer le premier dimanche de novembre. De quoi laisser un goût amère à cette initiative gouvernementale.
L’appel lancé aux fidèles de l’Eglise catholique par l’Archevêque métropolitain de Libreville lié à la réouverture des paroisses le 25 octobre prochain est clairement en dehors de la loi et met en danger la vie d’autrui.
Au sens de la loi, la mise en danger d’autrui constitue une violation. Même dans le cadre sanitaire, quiconque se sait atteint d’une affection transmissible de nature à mettre en danger la vie ou la santé d’un tiers en le contaminant est passible d’une peine de prison et d’une amende pouvant aller jusqu’à 20 millions.
Or, il est bien connu les lieux de culte ont été ces derniers mois d’importants clusters dans de nombreux pays, dont la France, avec l’Eglise de la Porte ouverte chrétienne à Mulhouse qui a été un des premiers clusters majeurs du coronavirus.
Selon la loi, « quiconque expose directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, est puni d’un emprisonnement de 5 ans au plus et d’une amende de 5 millions de FCFA au plus ».
Mgr Iba-Ba serait-il prêt à assumer toutes les responsabilités liées à la désobéissance ?
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