Contesté vigoureusement au sein de l’opposition à la fois par les vieux barons qui estiment que son tour a passé en 2016 et par la jeune garde qui le juge trop vieux et dépassé, Jean Ping joue sa survie politique qui passe par la possibilité de se représenter à nouveau à la prochaine présidentielle prévue en 2023.
Inécoutable depuis le déclenchement de l’épidémie de Covid-19, l’ex-leader de l’opposition gabonaise trouve une occasion devant lui grâce à la polémique et le prétendu bras de fer sur la réouverture des Eglises pour rebondir ou plus simplement survivre sur le plan politique.
Selon certains analystes, Jean Ping fait preuve d’opportunisme et de cynisme pour tenter de récupérer le mécontentement d’une partie de la population. Ce n’est pas la première fois. En décembre 2018, il avait tenté de provoquer une marche de ses partisans en direction du Palais du Bord de mer au moment où le président Ali Bongo Ondimba venait de subir un AVC.
Malheureusement cette tentative avait été rapidement stoppée. Plus récemment, en janvier 2020, il n’avait pas hésité à attiser la colère des Librevillois en relayant des rumeurs sur une supposée vague de disparition d’enfants qui s’était révélée être une fake news. Rumeurs qui ont entraîné le lynchage et la mort de plusieurs innocents.
En perte de vitesse, il n’a plus de soutien significatif à l’extérieur. La seule issue désormais pour Jean Ping est de récupérer la grogne de l’Archevêque de Libreville, Mgr Jean-Patrick Iba-Bâ qui tient absolument à rouvrir par anticipation les Eglises au Gabon, au mépris des mesures prises par le gouvernement.
Selon un professeur en science politique de l’Université Omar Bongo, Jean Ping ne peut pas réellement critiquer le gouvernement sur le sujet du moment, à savoir la riposte face au Covid-19, puisque, de l’avis même des institutions internationales, qu’il connait bien, celle-ci a été menée avec efficacité dans le pays, comme en atteste les chiffres actuels. Par conséquent, il lui faut bien trouver un autre angle d’attaque ».
« De fait, aujourd’hui, Jean Ping est contraint de s’opposer par procuration, c’est à dire de s’abriter derrière certains paravents – l’Eglise catholique aujourd’hui ; les syndicats ou certaines organisations dites de la société civile, mais en réalité très politisées, hier ou avant-hier – en faisant de la récupération », estime ce professeur qui juge désormais Jean Ping « trop affaibli pour s’opposer directement, par lui-même, à la majorité au pouvoir. »
Pour bon nombre de Gabonais, partisans de la majorité comme de l’opposition, Jean Ping ne constitue plus une alternative. « A 81 ans, il n’incarne plus l’avenir. Il est largement l’homme du passé. C’est ce que montre toutes les études », indique l’universitaire.Et d’ajouter: Un sentiment renforcé par le fait qu’il ne donne pas l’impression de s’intéresser au quotidien des gens mais uniquement aux querelles politiciennes.
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