L’élection présidentielle malienne devrait avoir lieu en février 2022 comme prévu par le calendrier initial de la transition. Cet important scrutin verra s’affronter plusieurs candidats. Le vainqueur sera indubitablement celui qui convaincra sur sa capacité à relever les principaux défis du Mali actuel. En l’occurrence l’économie, la sécurité et le développement.
Un pays au bord du gouffre
Au Mali, la présidentielle de février 2022 est très attendue. Elle intervient après des mois de tumultes, greffés à une situation socio-politique devenue détestable. La population espère qu’elle mettra fin à tous les maux qui l’accablent depuis plusieurs années. D’abord, il y a une insécurité chronique essentiellement due au terrorisme et aux conflits dans le nord contre les indépendantistes Touaregs. L’accord d’Alger de 2015 et l’interposition de forces étrangères (Barkhane, CEDEAO, Tchad, etc.) n’y feront rien.
Une situation sécuritaire qui a évidemment un impact négatif sur l’économie nationale, déjà fragilisée. Pour son fonctionnement, le Mali dépend en grande partie des transferts de sa diaspora (France, Côte d’Ivoire, etc.) et de l’aide internationale (FMI, Banque Mondiale, etc.). Cette dernière contribution a été suspendue en mai dernier après le second coup d’Etat du Colonel Assimi Goita.
Le Mali doit ainsi chercher d’autres sources de financements. Ce pays est actuellement considéré comme l’un des plus pauvres au monde, alors qu’il regorge d’énormes richesses (or, coton, bétail…). Le fait est que ses ressources ne profitent pas aux Maliens à cause de la mauvaise gestion, la corruption, la gabegie ou encore la rapacité des dirigeants et des multinationales.
Il faudra compter avec de jeunes technocrates
Conséquences de cette situation : chômage, pauvreté et sous-développement. Pour espérer gagner, les candidats à la prochaine élection présidentielle devront faire des propositions concrètes afin de résoudre ces problèmes. Parmi la pléthore de personnalités sur la ligne de départ, quelques-unes seulement auraient le profil pour conduire aux destinés du Mali dans six mois. Les observateurs citent notamment Moussa Mara (Yelema), un ancien premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Ce jeune politicien de 46 ans a la réputation d’un technocrate. Certains Maliens le considèrent comme le « Macron » du Mali.
Un autre potentiel sérieux candidat est Boubou Cissé, lui aussi jeune (47 ans) et ex chef du gouvernement sous IBK. Ce ponte de l’ancien régime, déboulonné par la révolte populaire de l’été 2020, a déposé ses valises à l’URD (Union pour la République et la Démocratie) de Soumaïla Cissé. Un transfert qui rebute de nombreux Maliens. On l’accuse de vouloir se donner une virginité politique avec l’appui de Paris. Notons en outre la candidature du milliardaire Seydou Mamadou Coulibaly. Puissant président du groupe CIRA, l’un des leaders de l’ingénierie en Afrique, cet homme d’affaires se présente actuellement comme l’homme de la situation. On pourrait le penser puisqu’il a l’argument financier avec lui.
Deux milliardaires dans les starting-blocks
Il tente actuellement de fédérer le patronat malien autour de son projet, non sans soulever des critiques. On crie à une politisation de cette honorable organisation. Faute d’une véritable assise populaire, Mamadou Coulibaly a créé aussi, en début d’année, un mouvement baptisé Benkan. Mais beaucoup perçoivent cette organisation comme un club de soutien rémunéré. Notons enfin la candidature d’Aliou Diallo, un autre milliardaire. Le leader d’ADP-Maliba se distingue toutefois de Mamadou Coulibaly par une présence en politique plus ancienne (depuis 2012). En huit ans, il a construit une véritable base électorale. Ce qui lui a permis de finir troisième à la présidentielle de 2018 et de remporter haut les mains les législatives de Kayes.
Aliou Diallo a donc fait ses preuves. Et il parait d’autant plus crédible que sa fondation Maliba œuvre à l’amélioration des conditions de vie des Maliens depuis près de trente ans (construction d’écoles, forages, moulins, etc.). Il aurait également montré ses capacités de dirigeants à travers ses entreprises, dont Hydroma, pionnière mondiale de l’exploitation de l’hydrogène naturel.
Des ralliements au riche entrepreneur
Qui pèse le plus parmi ces personnalités ? Selon de récents sondages du cabinet Statix, Aliou Diallo serait le favori de la présidentielle de 2022. Il obtiendrait 27% des intentions de vote au premier tour, loin devant Moussa Mara (17%). Une enquête qu’on se gardera de valider automatiquement, mais qui n’est pas totalement loin de la réalité. D’une part compte tenu de son passé électoral. En effet, il a fini troisième à la présidentielle de 2018 et a écrasé la concurrence (62%) aux législatives de Kayes en mars 2020. D’autre part, l’homme d’affaires reçoit de nombreux ralliements ces derniers mois.
Le dernier en date, celui de l’Alliance des Démocrates Rénovateurs (ADR). Cette coalition d’une vingtaine de partis politiques (RPJ, MMD, CNDR, AMAP, PDR, PC, PSD, PP, etc.) a lancé un appel à sa candidature début août dernier. Elle croit fermement qu’il est la solution aux problèmes qui minent le pays depuis des lustres. On vante notamment son ouverture politique et son plan Marshall pour le Mali. Ce programme potentiellement doté de 15.000 milliards de Francs CFA vise la reconstruction et le développement harmonieux de toutes les régions.
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