Au cours des dix dernières années, la Russie a réussi à rétablir son influence militaire et diplomatique en Afrique. Un succès géostratégique qui s’est déroulé au détriment des puissances occidentales, en particulier la France, qui n’a pas souhaiter observer les dynamiques en cours côté russe et côté africain.
La stratégie russe a débuté après l’annexion de la Crimée en 2014 et l’intervention en Ukraine, suivie de l’engagement en Syrie en 2015 pour soutenir le régime d’Assad. Moscou a ensuite étendu son influence en Afrique, commençant par le Soudan en 2017 et la République centrafricaine, avant de se concentrer sur le Sahel à partir de 2020, une région en proie à une série de coups d’État. La Russie a également renforcé sa présence en Libye et s’est immiscée au Tchad.
Cette stratégie repose sur deux principaux leviers : d’une part, des campagnes d’influence exploitant le ressentiment postcolonial des élites et populations africaines contre l’Occident ; d’autre part, l’utilisation de la milice Wagner pour sécuriser ses intérêts sur le terrain. Cette approche a permis à Moscou de gagner en influence alors même que Vladimir Poutine n’a visité l’Afrique que trois fois en vingt-quatre ans de pouvoir, se contentant de recevoir les dirigeants africains en Russie.
L’effondrement de l’URSS avait conduit à un retrait russe du continent, mais Poutine a su capitaliser sur les liens historiques tissés avec les élites africaines à l’époque soviétique, notamment par le biais de la formation de nombreux étudiants subsahariens. Ce retour a culminé avec la consolidation de la présence russe en Afrique malgré les tentatives d’insurrection interne, comme celle de Prigojine en juin 2023.
Après l’accident mortel de l’avion de Prigojine, Moscou a réorganisé ses forces en Afrique, remplaçant Wagner par l’Africa Corps, sous la direction d’un vice-ministre de la Défense dédié à la gestion des opérations sur le continent. Cette réorganisation marque une nouvelle phase dans la stratégie russe : elle n’opère plus dans l’ombre, mais agit désormais ouvertement pour renforcer son emprise en Afrique.
Dans le même temps, les forces françaises et américaines, présentes dans le Sahel depuis plusieurs années, ont été contraintes de quitter la région, témoignant du succès de la stratégie russe qui a su tirer parti de l’aveuglement occidental.
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