Sénégal : Vendredi, un tournant décisif pour l’économie nationale ?

Ousmane SonkoDéclaration de Sonko
Partagez!

Dakar, 31 juillet 2025 – L’économie sénégalaise est à un moment critique. Alors que les signaux d’alerte se multiplient — croissance atone, investissements en berne, pression fiscale croissante, dette intérieure étouffante — l’espoir renaît chez les entrepreneurs, les investisseurs et les observateurs économiques : Vendredi, l’État sénégalais pourrait enfin annoncer un plan de relance tant attendu. Un plan jugé déterminant pour réenclencher la dynamique économique du pays, ou du moins enrayer sa dégradation.

Mais l’heure n’est pas à l’euphorie, car la réalité est brutale : le climat des affaires se dégrade, les entreprises s’essoufflent, et les lourdeurs administratives plombent l’initiative privée. Il y a donc urgence. Et cette urgence exige des mesures concrètes, lisibles, et immédiatement applicables.

Un État encore trop lourd, trop lent, trop complexe

Le diagnostic est largement partagé par le secteur privé. L’État sénégalais reste un frein structurel au développement des entreprises locales et à l’attractivité du pays. La dette intérieure atteint des niveaux préoccupants, paralysant les trésoreries des fournisseurs et soumettant les PME à des délais de paiement déraisonnables. Pendant ce temps, la complexité administrative s’amplifie, notamment en matière fiscale et sociale.

Le droit du travail, trop rigide, freine les embauches. La fiscalité, trop instable et souvent inéquitable, décourage les investissements formels. Quant à la digitalisation des services publics, elle avance à petits pas, là où il faudrait courir.

Trois priorités pour un État stratège, pas bureaucrate

Pour redonner souffle à l’économie, l’État sénégalais doit se repositionner comme catalyseur, pas comme contrôleur omniprésent. Voici les leviers les plus urgents identifiés :

  1. Réduction de l’encours de la dette intérieure
    Il ne s’agit pas simplement d’une question de dette publique, mais de survie pour des milliers d’entreprises locales. L’État doit régler ce qu’il doit. Tout retard mine la trésorerie, bloque les embauches, et pousse à la faillite.
  2. Simplification administrative radicale
    Le temps passé à naviguer entre formulaires, administrations, déclarations redondantes, et procédures absurdes est un coût caché considérable. Il est impératif de simplifier massivement, notamment dans le droit du travail et la fiscalité.
  3. Digitalisation à marche forcée
    Chaque procédure administrative non digitalisée est une opportunité ratée. Le Sénégal ne peut plus se contenter de projets pilotes. Il faut une stratégie nationale de digitalisation, avec des objectifs par ministère, par région, et des échéances claires.

Ce que le secteur privé attend du plan de vendredi

Les chefs d’entreprise sont clairs : pas de grand discours, mais des actes. Un bon plan de relance, ce n’est pas un catalogue technocratique indigeste, c’est :

  • Des objectifs clairs avec un calendrier serré
  • Des mesures simples et compréhensibles, même pour les plus petites entreprises
  • Des mesures temporairement contraignantes, si nécessaires, mais bien balisées dans le temps
  • Des indicateurs de performance (KPIs) concrets, mesurables et publiés régulièrement (par trimestre, au minimum)

L’enjeu n’est pas seulement de séduire la presse économique ou les partenaires techniques, mais de rétablir la confiance dans l’action publique.

Le compte à rebours a commencé

Vendredi, tout le pays aura les yeux tournés vers les annonces de l’exécutif. Car derrière les effets d’annonce possibles, il y a des réalités économiques urgentes : des entrepreneurs qui n’investissent plus, des jeunes qui ne trouvent pas d’emploi, des investisseurs étrangers qui hésitent à s’implanter.

Ce moment pourrait marquer le début d’un renouveau économique, si tant est que les décisions soient à la hauteur des attentes. Mais ce pourrait aussi être un rendez-vous manqué de plus, dans une longue liste de promesses jamais concrétisées.

Le Sénégal est à la croisée des chemins : ou bien il crée un cadre business friendly, efficace et prévisible, ou bien il s’enfonce dans l’inefficacité, la défiance et la stagnation.

L’économie sénégalaise ne demande qu’à repartir. Mais pour cela, elle a besoin d’un État facilitateur, pas d’un État qui asphyxie.

Rendez-vous vendredi. Le pays n’a plus le luxe de l’attentisme.

Comments

commentaires

Actualité africaine

About the Author

Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

Be the first to comment on "Sénégal : Vendredi, un tournant décisif pour l’économie nationale ?"

Laisser un commentaire