Conflits armés : l’Afrique compte-t-elle vraiment 57 foyers de guerre ?

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Au moment où la France s’interroge sur sa propre préparation militaire, une déclaration du général et eurodéputé Christophe Gomart (PPE/LR) a suscité l’attention : selon lui, l’Afrique compterait actuellement 57 conflits armés. Une affirmation faite sur franceinfo qui a relancé le débat sur l’état du monde et la montée générale des violences. Que disent les chiffres disponibles ?

Une estimation dans la bonne fourchette

S’il est difficile de retrouver précisément le chiffre de 57 avancé par Christophe Gomart, l’ordre de grandeur qu’il évoque est confirmé par plusieurs sources spécialisées. Fin octobre, Gilles Carbonnier, vice-président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), évoquait « plus de 50 conflits armés actifs en Afrique », une estimation qui corrobore globalement celle de l’eurodéputé.

De son côté, l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO), référence mondiale en matière de suivi des conflits, recense environ 65 situations de conflit armé sur le continent africain. La variation entre les différentes sources s’explique par la difficulté d’établir ce qu’est un conflit : certaines confrontations impliquent des groupes armés locaux, des milices communautaires ou des entités non étatiques, sans engager officiellement un pays. Selon les méthodologies adoptées, ces violences peuvent ou non être comptabilisées.

Une tendance à la hausse sur le continent… et dans le monde

Au-delà du débat statistique, un fait fait consensus : le nombre de conflits armés augmente en Afrique comme ailleurs. Selon le CICR et le PRIO, on comptait environ 130 conflits armés dans le monde en 2024. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis la création des relevés modernes, en 1946.

Le PRIO note que le nombre de conflits a plus que doublé en l’espace de 25 ans. La hausse n’est pas uniforme :

  • elle est triplement plus importante en Europe, en Afrique et dans les Amériques ;
  • elle a doublé au Moyen-Orient ;
  • elle continue également de progresser en Asie.

L’année 2024 a même établi un nouveau record de conflits impliquant des États. On ne parle plus uniquement de guerres civiles — encore nombreuses, comme au Soudan — mais aussi de confrontations internationales : Russie-Ukraine, tensions indo-pakistanaises au Cachemire, ou encore la multiplication des affrontements entre puissances régionales.

Pourquoi cette explosion des conflits ?

Le PRIO identifie plusieurs facteurs structurels :

  • l’expansion de l’État islamique et de divers groupes jihadistes au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie ;
  • la fragmentation croissante de certains États, qui favorise l’émergence de milices locales ;
  • l’implication de puissances étrangères dans des guerres par procuration ;
  • la dégradation économique et climatique de certaines régions.

Dans ce contexte, l’Afrique paie un lourd tribut, avec une multitude de foyers de violence : Sahel, Corne de l’Afrique, République démocratique du Congo, Mozambique, Centrafrique, Soudan… des conflits souvent hybrides, mêlant enjeux communautaires, économiques, politiques et transnationaux.

Une affirmation globalement exacte

Si le chiffre isolé de 57 ne peut être confirmé avec exactitude, les données disponibles montrent qu’il se situe bien dans la fourchette des estimations actuelles. La réalité est même parfois plus élevée selon les critères retenus. La déclaration de Christophe Gomart traduit donc une situation incontestable : l’Afrique est aujourd’hui l’un des continents les plus touchés par les conflits armés, dans un monde où la violence connaît une progression continue.

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