Depuis plusieurs mois, les régies financières sont en grève sans qu’une solution sérieuse et efficace n’ait été trouvée.
La Fédération des syndicats des régies financières et administrations assimilées (FESYREFAA) a annoncé vendredi lors d’une assemblée générale tenue à Libreville le durcissement de la grève dans les tout prochains jours pour non-paiement de plusieurs mois d’arriérés de primes.
Pour entrer en négociation avec le gouvernement, les membres de cette fédération exigent d’abord d’être payés. Wilfried Erisco Mvou Ossialas, vice-président par ailleurs porte-parole du mouvement en grève depuis plus d’un mois, a laissé entendre que le gouvernement leur doit 4 mois d’arriérés de primes et 5 mois de bonus dépassé le trente septembre courant.
Devant la négligence et le mépris du gouvernement, a-t-il dit, les grévistes des régies financières, notamment les agents des Douanes, Impôts, Hydrocarbures et ceux du Trésor ont décidé de bloquer l’activité économique par des actions très fortes. Ils promettent de durcir le mouvement de grève tout en accusant les autorités de refuser de solder leurs créances. Une stratégie non dévoilée permettra, selon eux, de faire pression au gouvernement pour qu’il paie les primes.
Lorsqu’on voit l’ampleur des dégâts que les mouvements de grèves des régies financières (Douanes, Impôts, Trésor et Hydrocarbures) ont causé, l’économie du pays prend sérieusement un coup. C’est plus de 400 milliards de francs CFA qui sont partis en fumée en mois. Un manque à gagner qui représente 40 % des recettes propres. Le budget rectificatif 2017 devait s’élever à 2860 milliards de francs CFA alors que les recettes qui devaient alimenter ce budget s’élèvent à 1714 milliards et la différence des emprunts pour près de 1145 milliards de francs CFA. Pourtant, ces grèves qui perdurent au sein de ces administrations ne portent que sur des primes et non les salaires.
Pour en sortir de ce coup d’État économique et financier en gestation via les régies financières, il semble désormais nécessaire que chacun prenne ses responsabilités pour résoudre cette crise qui à terme ne fera qu’aggraver la crise financière qui paraît déjà insoutenable. Au moment où le gouvernement attend des contre propositions des syndicalistes, le comité de crise mis en place ayant pour mission de trouver des voies de sorties, est appelée à réunir tous les syndicalistes des régies pour une solution concertée.
Rien ne sert de s’accuser les uns les autres. Le groupe d’Ossialas traiterait celui de Mbatsi Bayonne de corrompu parce que ce dernier serait pour le dialogue avec le gouvernement et une solution à l’amiable. En attendant, c’est le pays tout entier qui est asphyxié par quelques individus de la Fédération des syndicats des régies financières et administrations assimilées.
Les enfants gâtés de la République refusent de réduire l’écart injustifié de leurs revenus pour la simple et seule raison qu’ils feraient « entrer » de l’argent dans les caisses de l’État. Argent pour argent et primes pour primes c’est tout ce qu’ils ont à l’esprit en dépit des crises multiformes et multi-sectorielles que traversent le pays. Et pourtant, il y a des manières d’agir sans prendre le risque de défier la République ou de lui faire une injonction. Des agissements qui suscitent vraiment des commentaires !
D’aucuns se demandent si ces agents se préoccupent des autres agents de l’État qui ne bénéficient d’aucune prime mais qui ne vivent que de leurs émoluments mensuels, certains sous bon de caisse mais également du reste de la population qui pour certains sont au chômage ou d’autres éprouvent des difficultés pour subvenir à leurs besoins.
Un appel à une prise de conscience généralisée de l’administration gabonaise doit être lancé par les pouvoirs publics, soit tout le monde a des primes, soit personne n’en a. Et que si des bonifications il y aura, qu’elles se fassent au mérite pour les meilleurs élèves qui ne sortiront pas forcément de la douane, des impôts, du budget ou des hydrocarbures. De qui se moque-t-on ? Aujourd’hui, le Gabonais face à cette adversité, doit comprendre qu’il doit résolument se mettre au travail et non se servir de l’État ou de sa position au sein de l’administration pour siphonner les caisses de l’Etat.
Est-il normal qu’une technicienne de surface de la douane ou du trésor gagne deux voire trois fois mieux sa vie qu’un ingénieur du ministère de la Culture ou un médecin par exemple ? Est-ce parce qu’on est à la douane qu’on travaille mieux ? Quid du médecin qui sauve des vies ou de l’enseignant qui forme les cadres de la nation? Quid du militaire ou du policier qui risque sa vie, jour et nuit, pour la paix dans le pays?
En regardant cette situation de près, certains observateurs pensent qu’en cette période de crise tout le monde devrait se battre pour maintenir l’équilibre et soutenir l’économie gabonaise qui n’est pas totalement cassée malgré la crise économique. Etant donné que les salaires sont payés chaque fin du mois. Toutes les énergies devraient normalement être concentrées sur ce point important : « Que les salaires soient toujours payés à la fin du mois ». « Le salaire est primordial que la prime ». Quand on sait que dans certains pays les salaires sont payés au compte-gouttes.
Mais, au vu des agissements et réactions des agents des régies financières, on est en droit de se poser la question de savoir si la grève des régies est-elle innocente ? N’est-elle pas instrumentalisée ? Les syndicalistes rouleraient-ils pour une opposition qui n’a pas réussi à gagner l’élection et se cacherait désormais derrière eux ? Autant des questions qui méritent des réponses pour une solution pérenne.