Liban : Voici point par point le plan de déstabilisation

Liban Protestations
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Les récentes protestations au Liban ont rassemblés des centaines de milliers de personnes dans les rues depuis quatre jours. Les protestataires réclament plus de justice sociale, dénoncent un gouvernement corrompu, et la fin du confessionnalisme au pays du cèdre.

Personne ne pourra le contester. Les revendications des populations libanaises sont légitimes. Elles sont le fruit de trente années d’incapacité des différents gouvernements, qui se sont succédés, à régler les problèmes des libanais. Qu’il s’agisse des coupures récurrentes d’eau et d’électricité, du clientélisme, de la corruption, de la collecte des ordures, de l’augmentation des taxes, de la crise financière… le quotidien des libanais ne s’améliore pas. Bien au contraire, il ne fait qu’empirer. Surtout lorsqu’on sait que plus de vingt cinq pour cent de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Et que la livre libanaise est sur le point d’être dévaluée.

Ces derniers jours, des fluctuations anormales du dollar, ont entraîné une pénurie de devises. Et un début de panique dans les banques. Ces dernières ont été obligées de suspendre les retraits en dollars dans les distributeurs de billets. La banque centrale a du intervenir afin préserver le taux de change fixe de la livre libanaise.

Il faut noter aussi, l’exaspération des populations qui ont vu partir en fumée plusieurs centaines d’hectares de forêts, dans des feux d’origine inconnue. Le gouvernement était incapable de réagir. Car les équipements de lutte contre les incendies n’étaient pas opérationnels par manque de maintenance.

Ainsi, depuis quatre jours, le Liban vit un nouveau printemps arabe. En l’occurence non pas contre un dictateur en particulier, mais contre toute la classe politique. Des centaines de milliers de libanais se sont rassemblés dans les rues partout dans le pays. Toutes confessions confondues. Les douze communautés, qui forment le pays du cèdre, sont descendues manifester leur ras le bol : musulmans Chiites, Sunnites, les Druzes, Chrétiens maronites, orthodoxes etc. Dans leur désespoir, tous réclament la chute du gouvernement libanais pour un renouveau.

Car dans le cas du Liban, tout est plus compliqué. La constitution libanaise attribue à chaque ethnie un nombre de sièges bien définis. Ce qui ne permet pas aux gouvernants de pendre des décisions, et d’avoir une opposition. Il faut constamment être dans la négociation et le consensus. C’est du donnant donnant. Donc rien avance.

Cela ne justifie en rien le niveau de corruption des élites. Mais cela permet tout de même de comprendre comment fonctionne l’appareil politique libanais.

Le début d’une chute dans l’inconnu

Malheureusement, la chute du gouvernement actuel n’apportera rien de mieux aux libanais. Faut-il rappeler ici, que le Liban possède le triste record de la plus longue période sans gouvernement. Il suffit de jeter un oeil a la Tunisie ou la Libye pour se rendre compte, que les révolutions n’apportent que rarement les résultats tant attendus. Souvent, la crise économique qui suit, est bien pire que la situation qui précède la révolution.

Au Liban, c’est donc la constitution qui doit faire l’objet d’une réforme en profondeur. Mais il sera difficile d’y toucher sans que cela ne remette en cause les accords de Taef. Ces derniers, négociés en Arabie Saoudite, avaient permis de mettre fin à la terrible guerre du Liban qui opposait Chrétiens et Musulmans.

La nouvelle modification de la constitution doit permettre la création d’un nouveau système électoral qui permettra aux libanais de voter non plus en fonction d’une ethnie, mais plutôt, d’un véritable programme politique et économique. Mais qui aura assez de légitimité pour mettre en place une tel projet ? A ce jour, cela parait tout simplement impossible.

Récupération politique et plans de déstabilisation

Mais le problème du Liban n’est pas uniquement local. Il est sous régional. Le pays du cèdre fait l’objet d’ingérences étrangères depuis des décennies. Les grandes puissances se disputent un positionnement stratégique au nord d’Israel : l’Arabie Saoudite, l’Iran, mais aussi, la Russie, les Etats-Unis, la France et Israel.

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Un ancien diplomate à la retraite nous confie que Beyrouth est la capitale arabe qui rassemble le plus grand nombre d’espions du moyen-orient.

Ben Salman pas content du rapprochement entre Hariri et Nasrallah au Liban

Ainsi, la descente des libanais dans la rue, est devenue une aubaine pour les puissances qui souhaitent recouvrer leur perte d’influence. En l’occurence, toutes celles qui ont été balayé par l’alliance récente faite entre le puissant parti Chiite Hezbollah et le Courant du Futur, principal parti Sunite que dirige Saad Hariri.

Ce dernier s’est fortement rapproché du mouvement chiite après que le prince d’Arabie Saoudite, ait tenté de le faire démissionner. Avec pour objectif, faire tomber le Liban dans l’inconnu, sans gouvernement.

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Ainsi, le signal a été donné par des ambassades étrangères. Ces dernières ont pu auparavant étudier les mouvements de protestations des printemps arabes en Tunisie, Libye, Syrie, Algérie. Et afin d’en accentuer les effets, elles demandent désormais à leurs relais de lancer un mouvement de désobéissance civile dans la rue juste après la conférence de presse du premier ministre libanais. C’est la première étape du plan de la discorde.

Les dix étapes stratégiques du plan pour le Liban

Gene Sharp et les révolutions arabes
  • Infiltrer des fauteurs de troubles parmi les manifestants et ouvrir le feu sur eux. Et accuser les éléments du mouvement « Amal ».
  • Provoquer les fauteurs de troubles dans leurs propres quartiers et faire éclater la guerre dans leurs rangs.
  • Éliminer et brûler toutes les photos, posters de Hassan Nasrallah dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans les villes du sud-Liban et de la Bekkaa.
  • Provoquer des agressions de citoyens dans les zones chiites par des personnes se faisant passer pour des éléments du Hezbollah.
  • Détruire et brûler les bureaux administratifs de l’Etat .
  • Provoquer l’agression de militaires.
  • Perturber les réseaux téléphoniques.
  • Incendier et détruire les boulangeries et les institutions publiques.
  • Impliquer le Hezbollah dans des conflits internes .
  • Emprisonner des éléments du Hezbollah par des personnes se faisant passer pour des éléments de la Sécurité .

Ce plan est issu d’un homme connu. Gene Sharp.

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Prosper Akouegnon
Prosper possède 15 ans d'expérience dans le journalisme. Il a précedemment travaillé pour le journal le Républicain et Le Scorpion Akéklé à Lomé. Devant la montée en force de la presse en ligne et la chute des presses traditionnelles, il décide de monter le site d'information en ligne AfricTelegraph en 2015 et s'installe au Gabon.

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