Libye : Les dessous de cartes des manœuvres d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron et la LibyeEmmanuel Macron et la Libye
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En réussissant à mettre autour d’une même table les quatre acteurs majeurs de la crise libyenne, le président français Emmanuel Macron semble avoir gagné des points.

Que-ce-qui fait réellement courir le président français pour justifier son empressement de tenir les élections présidentielles sur un terrain où les écueils à surmonter sont encore légion ?

Si la perspective de tenir les élections présidentielles envisagée pour le 10 décembre prochain peut être bluffant pour plus d’un, pour l’heure, le moins que l’on puisse dire est que cette initiative a été accueillie avec circonspection par les spécialistes du dossier libyen.

Toutefois, le fait pour Macron d’avoir gagné le pari de réunir autour d’une même table les cadors que sont le Premier ministre Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est du pays, auxquels il a associé le président de la chambre des représentants, Aguila Salah, basé à Tobrouk(est) et celui du Conseil d’Etat, Khaled al-Mechi  constitue déjà en lui seul un grand coup d’éclat.

L’unification des forces armées et de sécurité, aujourd’hui éparpillées sous forme d’un ramassis de milices ainsi que l’instauration d’une centrale et d’un seul parlement figurent dans le chronogramme à réaliser.

Une vingtaine de pays, membres permanents du Conseil de sécurité, concernés de loin ou de près par cette crise seront pris pour témoins au moment de sceller cet accord.

Les dirigeants africains parmi les plus impliqués dont Idriss Déby, Mahamadou Issoufou, Béji Caid Essebsi et Denis Sassou Nguesso ainsi que le Premier ministre Ahmed Ouyahia seront également associés à l’aboutissement de cet accord.

Protagonistes, parrains étrangers, puissances régionales et internationales seront ainsi mis devant leurs responsabilités, est-il précisé depuis l’Elysée.

Si sur le papier, l’initiative du président français redonne une lueur d’espoir, certains prédisent qu’il est encore trop tôt pour pavoiser, car la réalité est tout autre sur le terrain.

Beaucoup de blocages subsistent. Les puissants groupes armés les plus influents dans la partie ouest du pays ont brillé par leur absence. Ceux-ci s’opposent et refusent d’accepter la part belle faite à Khalifa Haftar dont on veut faire un acteur incontournable.

D’autres pôles d’influence, pas des moindres, préconisent d’organiser en amont un référendum qui définirait d’abord les contours du pouvoir du futur président.

Pour l’heure, la France semble faire cavalier seul dans l’option d’envisager des élections tout de suite et serait en train de confondre vitesse et précipitation, dénoncent des nombreuses voies.

Du coup, l’on commence petit à petit à dévoiler les dessous de cartes pour élucider les raisons d’un tel empressement.

C’est presque un secret de Polichinelle, Emmanuel Macron sait pertinemment qu’en relations internationales, il n’y a pas d’amis, seuls les intérêts comptent.

« La France viserait donc à distancer des concurrents de taille comme l’Italie, la Russie et les Etats-Unis pour se tailler une part de lion par rapport à l’important marché de reconstruction de la Libye », soutient-on dans l’ombre.

« C’est une véritable ruée au nom d’une influence politique, économique et militaire », épinglent les experts de la crise libyenne.

La nature a horreur du vide. Engluée dans son propre imbroglio politique, l’Italie est presque aphone et ne pèse pas politiquement face à la crise libyenne.

« Bien logique que Macron profite de cette brèche pour s’ouvrir un boulevard dans les parts de marché ; on assiste à une véritable diplomatie agressive », insiste une source diplomatique. Personne n’est dupe !

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William Tambwe
William Tambwe, chroniqueur et éditorialiste pour Africtelegraph.

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