Spectaculaire président guinéen ! A moins que cela ne fasse partie d’un programme planifié, on pourrait dire, après la décision de coupler le référendum aux législatives juste au lendemain de l’annonce de la date du scrutin législatif au 1er mars, que le pouvoir en Guinée-Conakry verse dans le tâtonnement.
Un scrutin ne se décide pas au pif. Surtout, lorsqu’il doit être organisé en double vitesse. A moins d’avoir une foi inébranlable aux capacités de sa commission électorale, la fixation d’élections couplées à moins d’un mois comporte des senteurs d’un bâclage à venir.
Cet ordre d’idée peut être soutenu par deux arguments. D’abord, de nombreux Guinéens sont opposés à un troisième mandat de l’actuel président. Il y a donc de fortes chances qu’ils ne participent pas au référendum constitutionnel. Pour les y inciter, le couplage aux législatives apparaît la solution, puisque ce scrutin a été longtemps réclamé par les populations.
Le deuxième argument est que le pouvoir de Conakry n’a pas forcément besoin d’un scrutin bien organisé. Le résultat du référendum est peut-être déjà connu. Il faudra juste des votants pour l’avaliser et lui donner un semblant de légitimité.
En deux mots comme en deux milles, l’homme fort de Conakry veut passer en force. Il tient à ce troisième mandat, même s’il se défend de le vouloir, et il semble prêt à user de tous les moyens. En face, les couleurs sont déjà annoncées. Le Front National pour la Défense de la Constitution a déjà lu entre les lignes des intentions du président Alpha Condé. Il a déjà payé un lourd tribut pour renoncer à un tournant charnière. Le pouvoir doit le savoir et il est clair qu’il a aussi bandé ses muscles pour tenir la date du 1er mars 2020.
La véritable question est de savoir si cette avalanche qu’annonce la météo politique en Guinée en vaut la peine pour le bien-être de ce pays tant meurtri ? Cette question figure-t-elle du reste dans le champ lexical des occupants du palais Sekoutoureya ?