L’ombre du groupe Boko Haram, qui a fait allégeance à l’Etat islamique, est omniprésente sur toute la zone nord du Cameroun.
Leurs villages sont dans l’œil du cyclone du groupe terroriste Boko Haram qui tue, incendie des villages entiers, pille et vole du bétail. Près de 200.000 Camerounais de la région de l’Extrême-Nord sont touchés par ces razzias.
Rachel Daviguidam, une Camerounaise de 30 ans, dit avoir personnellement assisté à la scène au cours de laquelle neuf (9) personnes ont été égorgées. « C’est ce jour (de septembre 2015) que j’ai décidé de quitter mon village », raconte-t-elle visiblement bouleversée.
Elle reste jusqu’à présent traumatisée et ne pense même pas vouloir retourner à Golvadi, son village de l’Extrême-Nord du Cameroun, frontalier du Nigeria et théâtre de plusieurs assauts des islamistes nigérians de Boko Haram.
On rencontre d’autres déplacés à Koza, une petite cité à environ 100 km de Maroua, la grande ville de la région. Là aussi, on ne lit que la morosité sur les différents visages.
Vie intenable
Ils sont essentiellement dépendants de l’aide alimentaire du Comité international de la Croix-rouge (CICR) qui organise des « rounds de distribution » d’aliments, affirme un responsable local des opérations dans la zone de Koza, Ibrahim Dit Falke.
Compte tenu de l’affluence des déplacés, l’on enregistre de nombreux cas de malnutrition parfois sévère. Ce n’est pas la seule difficulté.
« Ils nous demandaient de nous islamiser, mais nous ne voulions pas », s’insurge Rachel, une femme chrétienne.
Sans nouvelle sur les enfants disparus
Chez des nombreux rescapés rencontrés, chacun a sa propre histoire. Si certains comme Veved Nadama se disent être contents de recevoir quelques sacs de riz pour survivre, d’autres en sont encore à rechercher sinon faire le deuil des êtres portés disparus.
Si Yaouba Soumbi, un autre déplacé, se réjouit de la sécurité qui règne à Koza, il reste tout de même hanté par ce qu’il a vu « Je suis traumatisé. J’ai vu des morts, des personnes égorgées. Je ne me retrouve pas », raconte-t-il sous le choc.
« Je ne sais pas s’ils sont en vie, s’ils sont morts, s’ils sont au Nigeria, au Cameroun. Dieu seul le sait ».
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