Le bras de fer entre Kinshasa et les Nations unies prend une tournure qui inquiète. C’est que analyse le Congolais. En nommant Bruno Tshibala à la tête du gouvernement, Joseph Kabila a foulé aux pieds la résolution 2348 des Nations unies, exigeant la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Et avec la publication du gouvernement Tshibala, Kabila vient d’enfoncer le clou, dans la mesure où l’inclusivité tant recherchée a été reléguée au second plan.
Alors que l’Accord du 31 décembre 2016 stipule que le Premier ministre provienne de l’opposition non signataire de l’accord du 18 octobre/Rassemblement, Joseph Kabila a préféré désigner, à ce poste, Bruno Tshibala, un dissident du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Une manière de dire au Conseil de sécurité de l’ONU que des résolutions prises par l’organisation mondiale ne concernent pas la République démocratique du Congo, pourtant membre des Nations unies.
A quel jeu joue le pouvoir de Kinshasa? Est-ce un dilatoire pour ne pas organiser les élections pourtant réclamées par les populations congolaises ? Qu’à cela ne tienne ! La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a l’obligation d’organiser les élections devant permettre l’alternance au sommet de l’Etat. Se comporter autrement serait une trahison.
Et la position qu’adopte le camp Kabila risque de coûter très cher à la RDC. Surtout quand on sait que l’organisation des élections exige des moyens conséquents. Moyens que la RDC a l’habitude de solliciter auprès de ses partenaires. Compte tenu de cette donne, la rationalité exige des dirigeants congolais d’être cohérents et conséquents avec eux-mêmes. Etre cohérent pour un pays qui a l’ambition d’être compté parmi les grands du monde, c’est savoir bien respecter ses propres engagements, s’ouvrir au monde et respecter les accords nationaux, sous-régionaux et régionaux.
Tout compte fait, l’apport de la communauté internationale à l’organisation des élections risque de n’avoir pas d’écho. Mais pour que la sérénité revienne en RDC, la sagesse voudrait que la résolution 2348 soit mise en œuvre.
Aux foyers de tensions déjà attisés dans certaines parties de la République va s’ajouter l’isolement de la RDC. Il serait bien plus sage que les dirigeants congolais reviennent au bon sentiment. Le Congolais a conclu.