La ville d’Oyem, selon certains témoignages anciens, auraient pu prendre forme dans le canton Nyè à l’emplacement de l’actuel village Obout.
Vers 1895, l’expédition d’un milicien français dans la région se termine, malheureusement pour lui, par une capture. Il est pris par de vaillants Essangui d’About qui le livrent au chef de terre de l’époque, Eyi Nkoa. Après cette expérience, la France change de stratégies. Ainsi, les terres des Meboum puis des Nkodjeign sont sollicitées. Et c’est finalement au début du XXème siècle que l’on perçoit les prémices d’une nouvelle ville.
Parler d’Oyem suppose implicitement de parler du clan Nkodjeign. En effet, il y a au commencement Mendoung (de Andoung, un arbre qui pousse sur des terres fertiles près de cours d’eau), le village de Ndong Owono qui engendra Okwo Ndong, Ekoga Ndong, Atome Ndong, Mengue me Ndong, Owono Ndong,. Les fils de Ndong Owono devenus grands se réorganisèrent et occupèrent les terres données par leur père. Ainsi à partir des années 1840 Atomo Ndong fonda Metchuign, Mengue me Ndong Adjougou, Owono Ndong Keng Akoa, etc. Mendoung resta la terre « mère ». Et Ekoga Ndong qui était allé s’installer à Mekaa donna naissance à Abessolo Ekoga, Bibang bi Ekoga, Ella Ekoga, Zolo Ekoga et Mengue m’Ekoga. A la mort du patriarche, le benjamin, Mengue m’Ekoga repartit sur la terre de MEndoung. Là il prit femme sous le conseil de son frère (cousin) Mengue m’Okwo Ndong. De son premier mariage il eut Ekoga MEngue (qui a eu pour fils Ebane Ekoga, Ngomo Ekoga, Ndong Ekoga, Mbeng Ekoga, Mezui m’Ekoga, Zé Ekoga, etc), Mba MEngue (Otouang Mba,
Nguema Mba, Abessolo Mba, Zé Mba, Mezui me Mba, Ekoga Mba et Mengue me Mba) et enfin Mezui MEngue.
Mezui Mengue prit alors une femme. La belle-mère lui donna le nom de belle-fille : Akwakam (forte comme un roc et innacessible comme un gouffre), elle était du clan Odzip du village Mbwéma. Celle-ci était réputée forte et tout ce qu’elle entreprenait semblait réussir. Alors, à l’arrivée des allemands vers 1894, un marché fut aménagé. C’est à cet endroit que devait se faire les échanges entre les colons et les autochtones. Et il était question que pour chaque village, une femme soit responsable de la délégation des femmes qui venaient vendre leurs produits. A Mendoung, c’est biensûr Akwakam Akoma qui fut choisie.Pendant des mois, elle imposait par sa force, sa vitalité et son intelligence dans le commerce. Dès ce moment, les allemands n’attendèrent plus le jeudi pour aller au marché. Lorsqu’ils avaient besoin de quelque chose, ils se rendaient à Mendoung pour la voir. Ils disaient alors : « On va chez Akwakam ».
C’est ainsi que Mendoung est devenu dans le temps Akwakam. Il y avait sur la place du marché, un énorme arbre appelé « Oyem ». Plus tard, c’est là que fut construit la résidence du chef de district d’Oyem. Et quand les gens se rendaient chez le chef de district dans les années 1920 pour une convocation ou une affaire qui engageait l’administration coloniale, et surtout après l’exécution d’Edzeng Zeng,, ils disaient « je monte à Oyem ». Dès ce moment, cet endroit qui incarnait donc le pouvoir fut appelé Oyem, en référence surtout à l’arbre qui s’y trouvait. Ledit arbre a été abattu à la fin des années 1980 après avoir soudain pris feu un matin. Il se consuma pendant 9 jours. Ceux des vieillards qui vécurent le drame pleurèrent pendant des jours et se laissèrent mourir.
La fondation de la ville d’Oyem remonte officiellement à l’année 1903 quand l’administrateur WEBER arrive pour établir l’autorité française avec l’installation d’un comptoir située à côté d’une factorerie.Avant cette année, les allemands sont déjà présent sur ce territoire. En 1896, ils plantent le premier cacaoyer et conseillent les chefs de terre de cultiver le cacao et le café pour avoir une autonomie économique.En 1911, la crise d’Agadir amène la France à céder le nord de son territoire du Gabon à l’Allemagne. Dès ce moment, Oyem fait partie du Neu Kamerun, une colonie allemande qui comprend l’actuel Cameroun, le sud-ouest de l’Oubangui Chari, le nord du Congo et le nord du Gabon actuel (le Woleu-Ntem, le nord de l’Ogooué-Ivindo et le nord de l’Estuaire).
Cette colonie atteint alors les 760.000 km2 (460.000 km2 pour le seul Cameroun) . En 1912, les colons allemands convoquent les chefs de terre de la région : Ndong Mebane (père de Manfred Mendame Ndong), Nkoulou Beyeme de Bitam, Edzeghe Oyane de Minvoul et Nzoghe Mba Toung de Mitzic et leur proposent de leur confier leurs enfants pour les envoyer aux études. Tous refuseront sauf Ndong Mebane qui accepte que son fils Manfred aille au Cameroun. Il ira plus tard en Allemagne (il a été député et est mort en 1994 à l’âge de 96 ans). En septembre 1914, la colonisation allemande prend fin à Oyem avec la bataille de Mimbeng (Axe Mitzic-Oyem) qui voit les français « mettre dehors » les allemands pourtant bien installés et appréciés dans la région. C’est Georges Thaumann, un militaire qui est alors désigné pour gouverner cette région . Il est brutal et fait tuer tous ceux qui s’opposent au retour des français dans la région. Oyem vit alors sous la « dictature française ».
C’est dans ces années là que le drame le plus traumatisant pour la mémoire collective des oyémois a lieu :Les chefs de terre ne supportant plus l’oppression française se révoltent. Au village AFONE, actuellement dans le canton Ellelem, le chef, un fils du clan Meboume, décide d’imposer un droit de passage à ceux qui travaillent avec et/ou pour les français. Cela cause de vrais troubles. L’administration coloniale française envoie alors une milice pour mater la révolution.Edzeng Zeng, puisque c’est de lui dont il s’agit, est arrêté et avec lui les chefs des villages environnants (il faut rappeler que c’est de cette région qu’était venue la révolte des Binzima).
A l’endroit exact où se situe actuellement le corps de garde derrière la Tribune officielle d’Oyem, il y avait un mât qui servait pour le drapeau français. Thaumann parle et la traduction est assurée par Anselme Mebale Meyo : « un poteau de fer est inflexible à la force du vent et de l’ouragan. Il reste toujours debout. Ainsi quelles que soient les embûches, la colonisation française suivra son cours dans l’histoire. Vous vous souviendrez de ce jour et à jamais de ce mât de fer qui symbolise la dtéermination de notre misson ».Le drapeau est descendu. Edzeng Zeng est attaché à une planche et couché à même le sol. Là, ine hache lui tranche la gorge et la tête roule sur un mètre. Il vient d’être décapité par régime colonial français. C’est ainsi que, pour ne jamais oublier, « Nkoum’Ekiègne » est devenu l’autre nom d’Oyem. Les anciens l’appelaient ainsi pour ne jamais oublier la méchanceté des colons français.
En 1921, l’administrateur Copier prend la place de Thaumann. C’est lui qui fait face à la violente épidémie de variole qui décime en moins d’un an les villages, notamment de la zone d’Akougha Afane jusqu’à Angone. Coppier est accusé d’avoir laissé les gens mourir sans avoir tenté de contrer la maladie.En 1925, les épidémies de variole, Polio et la famine ont pris fin. La population du canton d’Oyem est passé de 14 mille âmes à 8 mille personnes. C’est la désolation. En 1927, Ndong owono Engueng, père de Jean-François Ondo Ndong, est nommé 1er chef de ce canton d’Oyem sous l’administration française. L’homme est originaire de Mekaa du clan Nkodjeign. Il est écouté et souvent craint. Sous son impulsion, Oyem rayonne sur le plan économique car il arrive à convaincre les « Oyémois » de faire des affaires (caco et café) et d’oublier la politique et la rébellion.
En 1928, les missionaires protestants s’installent à Nfoul et en 1929 les catholiques arrivent à Angone. Suivront les écoles qui formeront l’élite : Ecole catholique d’Angone, Ecole protestante de Nfoul, ERO, Saint Eloi etc.La vie politique s’anime : deux hommes sortent du lot à cette époque : Yves Henri Evouna qui est du clan Odzip du village Mbenga et qui est un ancien séminariste qui a renoncé au sacerdoce. Il est né vers 1920 et est instituteur de l’enseignement catholique (Il enseigne entre autres les abbés Joseph Mintsa et Jean Mbeng). Et Jean-François Ondo Ndong, du clan Nkodjeign, fils de l’ancien chef de canton. Il est né vers 1916 et exerce en tant que comptable. Plus tard s’ajouteront Bernard Obiang dit Ekour’Andiè (Odzip et neveu du clan Nkodjeign), Paul Ekoga, Edouard Evouna, Ebane Ekoga, Simon Mbeng, Edouard Ekoga Mengue ou encore Nguema Ngomo Gabriel et André Mintsa.
En 1958, la liste UDSG dirigée par Bernard Obiang l’emporte sur celle du BDG dirigée par Ondo Ndong et gagne les éléctions municipales. Bernard Obiang devient ainsi le premier maire d’Oyem. Il mourra le 31 juillet 1966 à 52 ans. Obiang Bernard est bien le premier élu il sera suivi de Mrs Ondo Ndong Jean François qui mourut au courant de l’an 72, de Medzegue Nkizogoh Salomon Gustave, de Nguema Gaston, de Essono Mengue Vincent, de Mengara Rose et de nouveau Essono Mengue. Assa Mezui fut le Maire adjoint sous le magistère de Mr Salomon Gustave Medzegue Nkizogoh
En 1978, Oyem reçoit le 17 août et cela lui vaut le bitume, l’électrification et de nombreuses infrastructures.