« La dévaluation du franc cfa n’est pas à l’ordre du jour. » C’est la substance d’une annonce de la B.E.A.C faite en début d’année 2019 lorsque les rumeurs d’un possible processus de 1994 allaient dans tous les sens.
Sur la base des plaintes récurrentes des acteurs du marché des devises en zone Cemac et des importateurs, les mesures de restriction concernant la sortie des devises à travers une carte bancaire poussent à s’interroger sur ce que cache réellement la BEAC.
D’abord, les réserves des changes permettent-elles de couvrir plus de 20% du besoin d’importation ? La BEAC devrait se baser sur la récession économique des pays de la zone franc ayant abouti à la dévaluation de 1994 et anticiper par des mesures courageuses.
Ensuite, ce à quoi beaucoup craindraient sur le marché de change, c’est l’effet. Les devises font dépenser jusqu’à 15% de plus que le taux de parité fixe de 655,955 F cfa pour 1 euro. C’est dire que l’on assiste dans la douleur et dans la discrétion à une dévaluation implicite parce que certains pays ont des incohérences.
Enfin, la BEAC semble dégager toute responsabilité alors que l’analyse de sa nouvelle réglementation de change du 21 décembre 2018 ne lui offre pas de large manoeuvre pouvant l’innocenter.
Du coup,les experts du marché des devises savent que ce changement majeur conduit à ce que les clients des devises ressentent une hausse. Autrement dit, la banque cautionne cet état de chose: d’un régime de commission contrôlé à une concurrence. Entretemps, les banques commerciales taxent leurs services de transfert de fonds.
Il est temps de réfléchir à ce paradoxe.
Créé en 1945, le franc Cfa a une parité fixe. Mais son côté colonial est devenu son handicap. Un pays qui connaît un désajustement de sa balance de paiement peut le corriger par une variation du taux de change, qui provoque à son tour une modification des prix nécessaire à l’ajustement des importations et des exportations et un rétablissement de l’équilibre.
Le débat porte sur une baisse de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères. Parce que la montée de l’Euro surévalue de facto la monnaie Cfa, et décourage les exportations ! Entre la CEDEAO en avance pour créer une monnaie unique en 2020 et la CEMAC en train de solliciter le soutien du FMI, ce décalage surprend.
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