Le président syrien, Bashar al-Assad, est arrivé à Jeddah, en Arabie saoudite, pour assister au sommet de la Ligue arabe, marquant un tournant majeur dans les relations entre la Syrie et le reste du monde arabe. Cette visite fait suite à la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe ce mois-ci, plus de 11 ans après sa suspension suite à la répression brutale des manifestants de l'opposition et la guerre dévastatrice qui a suivi en Syrie1. L'Arabie saoudite, qui était auparavant un important soutien des groupes d'opposition armés cherchant à renverser le régime d'al-Assad, a récemment appelé à un dialogue pour mettre fin au conflit qui a fait un demi-million de morts et déplacé la moitié de la population syrienne d'avant-guerre2.
Le rapprochement entre la Syrie et l’Arabie saoudite s’inscrit dans un contexte plus large de changements dans la région. Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a œuvré pour la paix dans la région, améliorant les relations de son pays avec l’Iran, rétablissant les liens avec la Syrie et se rapprochant de la fin de l’implication du royaume dans la guerre au Yémen. Ces changements ont été provoqués en partie par une série de tremblements de terre dévastateurs en Syrie et en Turquie en février, qui ont conduit à un afflux d’aide de la région3.
Cependant, ce rapprochement avec la Syrie n’a pas été sans controverse. Les pays occidentaux, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, ont objecté à ce que l’on pourrait interpréter comme une réhabilitation d’al-Assad, notant que le président syrien n’a montré aucun remords pour les millions de personnes tuées et déplacées par ses forces depuis le début des protestations pro-démocratie en 20114.
La position de l’Arabie saoudite est que le monde arabe doit accepter pragmatiquement qu’Assad a survécu à la guerre civile syrienne, et que le meilleur moyen d’influencer les conséquences de sa victoire est par un engagement avec Damas qui portera ses fruits avec le temps, y compris en limitant l’influence de l’Iran, le plus grand soutien militaire d’Assad5.
Ces développements ont également des implications pour la situation israélo-palestinienne. Le rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran pourrait avoir des effets positifs sur les pays du Moyen-Orient où les deux soutiennent des groupes rivaux, ce qui pourrait entraîner une pression accrue sur Israël pour la création d’un État palestinien viable6.
En dépit de ces évolutions, des obstacles demeurent. Les sanctions occidentales contre le gouvernement d’Assad restent en place, ce qui pourrait empêcher les pays arabes riches en pétrole de se précipiter pour libérer des fonds pour la reconstruction1. Washington a également exprimé une forte opposition à la normalisation des relations avec Assad, affirmant qu’une solution au conflit syrien basée sur les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies devrait avoir lieu en premier lieu2.
Il reste à voir comment cette réhabilitation d’Assad par la Ligue arabe affectera l’équilibre géopolitique du Moyen-Orient et le processus de paix israélo-palestinien. Le rôle croissant de l’Arabie saoudite en tant que médiateur régional et la reprise des relations avec la Syrie pourraient indiquer un tournant majeur dans la dynamique régionale. De plus, l’effet combiné de la pression accrue sur Israël pour la création d’un État palestinien viable et la normalisation des relations avec Assad pourrait potentiellement créer un nouveau paysage politique dans la région.
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