Trump et l’Afrique : un désintérêt stratégique 

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Donald Trump a toujours affiché un désintérêt marqué pour l’Afrique, tant sur le plan diplomatique qu’économique. Pourtant, son retour à la Maison Blanche pourrait redéfinir la relation des États-Unis avec le continent, entre protectionnisme, idéologie MAGA et soutien à certains régimes.

Le désintérêt marqué de Trump pour l’Afrique

En juillet 2015, Barack Obama effectuait son dernier voyage en Afrique en tant que président, marquant ainsi une volonté de renforcer les liens avec le continent. Cependant, pendant ses quatre années de mandat, Donald Trump n’a jamais visité l’Afrique. Ce vide diplomatique a été prolongé par l’absence de tout autre président américain se rendant en Afrique pendant les neuf premières années du 21e siècle, illustrant l’indifférence du gouvernement américain à l’égard des préoccupations africaines. En outre, Donald Trump n’a jamais fait mention du continent africain durant sa campagne présidentielle, renforçant l’idée d’un désintérêt flagrant pour cette région géopolitique.

Lors d’une réunion à la Maison-Blanche en janvier 2018, Donald Trump a publiquement qualifié plusieurs pays africains de « pays de merde ». Ce genre de propos a non seulement exacerbé les tensions avec les nations africaines, mais a aussi souligné un manque de respect pour les dirigeants et les peuples de ce continent. Cette attitude s’est reflétée dans sa politique étrangère, où l’Afrique n’a occupé aucune place significative, éclipsée par des préoccupations ailleurs, comme au Moyen-Orient, en Asie, et bien sûr avec la guerre en Ukraine. De plus, les relations bilatérales se sont caractérisées par une rareté des échanges, avec seulement deux chefs d’État africains invités à Washington sous son mandat : Muhammadu Buhari du Nigeria et Uhuru Kenyatta du Kenya.

Le premier cercle de Donald Trump, y compris ses secrétaires d’État et autres membres de son administration, a également montré peu d’intérêt pour le continent. Mike Pompeo, secrétaire d’État sous Trump, n’a effectué qu’une seule visite en Afrique, au Sénégal et en Éthiopie, ce qui illustre la faible importance accordée à l’Afrique dans les priorités diplomatiques américaines. Même Melania Trump, son épouse, a effectué une rare visite en Afrique, au Kenya, mais cette démarche a été ternie par un scandale médiatique et un manque de diplomatie sincère. Cette absence d’engagement diplomatique et de véritable politique africaine a contribué à un climat de désenchantement et de méfiance.

Les conséquences de l’absence d’une politique africaine cohérente

Sous Trump, la politique étrangère des États-Unis s’est fortement orientée vers le Moyen-Orient, la Chine, et plus récemment la guerre en Ukraine. L’Afrique n’a jamais été considérée comme un axe stratégique majeur. Bien que Trump ait évoqué l’idée de renforcer la compétition économique avec la Chine et la Russie sur le continent, sa politique était loin d’être aussi systématique que celle de ses prédécesseurs. Son concept de « l’Amérique d’abord » a ignoré les préoccupations des pays africains, plaçant leurs besoins bien en dessous des priorités nationales des États-Unis. De ce fait, l’Afrique n’a pas bénéficié des mêmes avantages que d’autres régions du monde en matière de coopération économique, politique et militaire.

Une autre conséquence majeure du mandat de Trump pour l’Afrique a été l’instauration de restrictions de visas sévères pour plusieurs pays du continent. Dès 2017, l’administration Trump a mis en place des restrictions de visas sur des pays comme la Libye, la Somalie, le Soudan, et plus tard sur des pays comme le Ghana et le Nigeria. Ces mesures ont eu un impact direct sur les échanges culturels, économiques et éducatifs entre les États-Unis et les pays africains. Par exemple, le nombre d’étudiants africains aux États-Unis a chuté de manière significative sous Trump, et les relations interpersonnelles ont été largement affectées. De plus, l’approche protectionniste de Trump, visant à réduire l’immigration en provenance des pays africains, a exacerbé les tensions entre Washington et de nombreux pays africains.

Bien que les États-Unis aient maintenu des programmes d’aide, tels que l’initiative Prosper Africa, sous Trump, ces programmes n’ont pas été soutenus de manière proactive par la Maison-Blanche. L’initiative Prosper Africa, visant à stimuler les échanges commerciaux et les investissements entre les États-Unis et l’Afrique, a été soutenue par le Congrès plutôt que par la Maison-Blanche. De plus, Trump a envisagé une réduction des financements alloués aux programmes d’aide au développement, notamment dans des domaines comme la lutte contre le changement climatique, une cause qui ne l’intéressait guère. Cette position a empêché une politique cohérente et soutenue vis-à-vis du continent africain, alors même que de nombreuses nations africaines cherchent à diversifier leurs partenaires économiques pour contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie.

Une diplomatie idéologique : la chance pour de nouvelles alliances avec l’Afrique

L’une des conséquences possibles du retour de Trump à la Maison-Blanche est un rapprochement avec certains régimes africains autoritaires, en particulier ceux qui partagent des vues similaires sur les droits de l’homme. Par exemple, des pays comme l’Ouganda, qui ont adopté des lois répressives contre l’homosexualité, pourraient voir en Trump un allié, contrairement à la position des administrations précédentes qui prônaient une approche plus critique sur les droits humains. Trump pourrait ainsi offrir une nouvelle forme de soutien aux dirigeants africains qui souhaitent se débarrasser des pressions occidentales sur les droits de l’homme et la gouvernance démocratique.

Sur le plan militaire, Trump pourrait maintenir son soutien au commandement africain (Africom), qui supervise les activités militaires américaines sur le continent. Bien que le premier mandat de Trump ait vu des discussions sur la réduction des effectifs militaires en Afrique, notamment au Niger, Trump n’a jamais remis en question la présence des États-Unis sur le continent dans sa totalité. Toutefois, son désintérêt pour l’Afrique pourrait laisser la place à d’autres puissances, notamment la Russie, pour étendre leur influence sur le terrain, à travers des groupes comme Wagner, ou dans la fourniture d’armements et de soutien militaire.

Certains dirigeants africains, comme le président nigérian Bola Tinubu, ont exprimé l’espoir que l’élection de Trump pourrait conduire à un renouveau des relations économiques entre les États-Unis et l’Afrique. Cependant, Trump pourrait également rediriger l’aide américaine vers des causes idéologiques, comme le soutien aux mouvements évangéliques, et limiter les financements destinés aux ONG et associations impliquées dans la défense des droits humains ou de l’environnement. Cela pourrait redéfinir les relations entre les États-Unis et les nations africaines, ouvrant la voie à de nouveaux partenariats idéologiques et économiques qui pourraient ne pas correspondre aux attentes des dirigeants africains progressistes.

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