[wds id= »2″]12 ans après le bombardement de Bouaké, la juge française Sabine Khéris enquête sur un dossier qui risque de mouiller la réputation de notre bonne vieille France!
Les faits: en 2004, deux avions de combats ivoiriens de type Sukhoï bombardent la base aérienne militaire française en place en Côte d’Ivoire. Résultat : 9 soldats français sont morts et 38 blessés. La France accuse Laurent Gbagbo de bavure pendant l’opération « Dignité ». Un prétexte qui permettra de renverser Laurent Gbagbo quelques années plus tard.
L’équipe de choc du parquet conduit par Sabine Khéris a demandé le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR) de certains ministres de l’époque pour avoir empêcher les entités judiciaires de mener à bien l’enquête : Dominique Galouzeau De Villepin(Intérieur), Michèle Alliot-Marie (Défense) et Michel Barnier (Affaires étrangères).
La juge française a formulé les griefs suivants à l’encontre des personnes citées plus haut : « La juge soupçonne les trois anciens ministres d’avoir sciemment laissé filer les pilotes biélorusses des avions responsables du massacre. Si elle est approuvée, la requête de la juge Kheris sera transmise au procureur général près la Cour de cassation, seul habilité à saisir la Cour de justice de la République (Cjr). »
À l’époque, le ministre togolais de l’Intérieur, François Boko, avait fait immédiatement le lien avec les événements de Bouaké et décidé de placer les pilotes en garde à vue. Lors de son audition à Paris, ce dernier déclarera avoir « sollicité aussi le SCTIP [Service de coopération technique internationale de police] et un autre canal au ministère de l’Intérieur pour demander à Paris la conduite à tenir ». « Les instructions étaient de ne rien faire. Devant l’attitude de la France, qui m’a beaucoup étonnée, j’ai été amené à prendre des arrêtés d’expulsion », ajouta Boko.
Toujours au sujet de cette même affaire, Sabine Khéris, dans son ordonnance, estime que : « Les hautes autorités françaises du ministère de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères ont été prévenues de l’arrestation des pilotes biélorusses impliqués dans le bombardement de Bouaké. »
Dominique De Villepin, Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier risquent de croupir trois ans en prison et s’exposent au paiement d’une amende de 45 000 euros. Notons que dans le cadre de ce dossier aux allures d’une affaire d’Etat, l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo a été entendu en 2013 alors qu’il était écroué à La Haye.
Autre élément probant, la version du commandant de la force française Licorne au moment des faits. Le Général De Malaussène affirme : « Je ne crois pas une seconde que ce soit Gbagbo qui ait donné l’ordre à ces pilotes biélorusses de tirer sur les soldats français. Je n’y crois pas une seconde. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cette affaire est extrêmement trouble, que l’on ne veut pas savoir qui a donné l’ordre de tirer sur les soldats français. » L’officier français ajoute que la chaîne de commandement française a bien fonctionné au moment des faits et dit ne pas comprendre qu’on ait laissé filer les pilotes biélorusses qui, du reste ont été surveillés et identifiés du début à la fin par les services de renseignements français.
«J’ai bombardé et je devais être bien payé»
A côté du témoignage de David Sénat, conseiller juridique de Michel Alliot Marie qui reconnaît que tout ce qui entoure le bombardement était une affaire «purement politique», la mère du soldat Décuyère tué lui aussi, dit avoir été contactée par l’un des pilotes. Vraisemblablement, selon elle, il devait s’agir de Yuri Sushkin qui a tenté via facebook de lui extorquer de l’argent en échange de documents compromettants. «J’ai bombardé et je devais être bien payé», a-t-elle reçu comme message. Ce soldat qu’elle n’a pu identifier formellement et qui se nomme «Aigle Bleu» sur facebook a sans doute conclu un deal qui a mal tourné. Dans le documentaire, il serait même revenu à Abidjan mais l’équipe de Spécial Investigation n’a pu le retrouver, une fois à Abidjan. Le même «Aigle Bleu» a contacté l’avocat des victimes, Jean Balan pour, dit-il, lui remettre un enregistrement sonore.
Affaire à suivre!