Les avocats du Barreau du Gabon contestent fortement la décision du Conseil d’Etat du 6 juin 2018 par laquelle il prononce l’annulation de l’élection du Bâtonnier ainsi que celle des membres du Conseil de l’Ordre tenue le 31 mars dernier.
La requête en annulation de l’élection du bâtonnier Me Lubin Ntoutoume aurait été introduite « pour cacher des choses et pour éviter un éventuel questionnement sur la gestion de l’ancien bâtonnat ces dernières années », disent les avocats.
Le doyen des avocats du Gabon a, dans une déclaration lue ce lundi devant la presse, fait observer que le problème tiré d’une prétendue irrégularité de la liste électorale ne se posait pas, dès lors que sur la liste des avocats à jour de leurs cotisations, figurait le nom de Maître Lubin Ntoutoume.
De même, le procès-verbal de l’élection dressé publiquement et en présence de tous les avocats confirme que c’est le Bâtonnier sortant Maître Akumbu, candidat à sa propre succession, qui a non seulement organisé ces élections, mais aussi en date du 31 mars 2018, c’est bien lui qui a produit la liste électorale.
A moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre visant à empêcher le nouveau conseil de l’ordre d’auditer les comptes du Barreau ; « l’examen de l’état financier produit lors de l’assemblée générale du 31 mars 2018 et d’autres vérifications sommaires qui font effectivement craindre des malversations troublantes », disent-ils.
Par ailleurs, le barreau du Gabon s’indigne de ce que le Conseil d’Etat ait adhéré aux prétentions infondées de Maîtres Akumbu et Erangah alors que le débat devant la juridiction saisie n’a porté que sur la compétence de M. le Premier Président du Conseil d’Etat à connaître du contentieux qui lui a été soumis par le requérant.
Les avocats tiennent également à souligner que leurs confrères membres du Conseil de l’Ordre dont l’élection a été également annulée n’ont jamais reçu de notification du recours. Cela, en violation des droits de la défense en général et du principe du contradictoire en particulier.
Prenant à témoin l’opinion nationale et internationale sur toute dérive qui serait envisagée par tous ceux qui veulent imposer aux avocats les choix qui ne sont pas les leurs, le Barreau du Gabon affirme son indépendance et entend rappeler qu’il n’est pas un parti politique, ni une association à caractère politique qui accepterait de garder à sa tête des avocats qui manquent d’indépendance et veulent demeurer indéfiniment aux commandes de l’Ordre, défendant leurs intérêts personnels au détriment des intérêts de la communauté des avocats.
Le Barreau du Gabon qui n’a pas confirmé le dépôt d’un recours au Conseil d’Etat, a toutefois promis que, face à la décision de l’annulation de l’élection du bâtonnier et celle des membres du Conseil de l’ordre, sa réaction «se posera en droit et fortement en droit». L’objectif étant de préserver l’indépendance de l’avocat, sa dignité et son honneur.