Quinze militants du Southern Cameroon National Congress (SCNC), un mouvement anglophone qui exige la sécession des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays, détenus à la prison de Buea (Sud-Ouest), viennent de demander à l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan, d’user de son influence auprès des organisations internationales de défense des droits de l’Homme afin qu’elles se penchent sur leur condition.
Dans une lettre que votre site a pu consulter, ils demandent aussi à leur correspondant de les aider à «trouver une solution durable» à leur cause.
Ils attirent l’attention de Koffi Annan sur le fait que le Cameroun, selon eux, continue d’arrêter et de torturer des membres du Conseil national sud du SCNC en dépit de la pression internationale.
«Depuis 55 ans, les partisans de l’indépendance du Cameroun méridional ont été tués, mutilés, emprisonnés illégalement, violés et dépouillés de leurs droits fondamentaux et de leur droit à une patrie souveraine. Des générations successives de militants du SCNC ont résisté aux arguments de la force par la force des arguments», expliquent-ils, dénonçant «l’intransigeance des régimes successifs brutaux et répressifs de »la République du Cameroun »».
Le 17 juillet 2016, soutiennent les prisonniers, 16 militants du SCNC ont été arrêtés par un contingent mixte du secrétariat d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie, de la sécurité publique et d’une unité spéciale de police, alors qu’ils attendaient d’être servis dans un restaurant de Molyko, à Buea, puis placés en garde à vue.
Ils ont ensuite été inculpés par le tribunal de première instance dont la présidente, Beactrice Nambangi, a refusé de leur accorder la liberté provisoire. Ils croupissent encore dans les cellules d’une prison surpeuplée de la ville.
Les animateurs du SCNC, un mouvement actif depuis 1995, sont régulièrement l’objet de moult tracasseries, d’arrestations et souvent de longues détentions sans jugement.
Ses promoteurs, qui dénoncent la marginalisation des régions méridionales, estiment que le référendum du 20 mai 1972, qui a conduit à l’unification des zones anglophone et francophone du Cameroun a été un «marché de dupes».
En 2003, le SCNC avait porté plainte contre l’Etat du Cameroun auprès de l’Union africaine pour faire valoir ses arguments en faveur de la sécession, mais l’instance l’a, en 2009, débouté de ses prétentions de partition du pays, récusé les accusations de discrimination de la communauté anglophone et recommandé aux demandeurs d’abandonner leurs velléités pour se transformer en parti politique.
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