Le malaise est devenu profond et aurait aussi atteint les corps de défense et de sécurité au Tchad. Après la grogne des salariés de la fonction publique en grève depuis plus d’un mois, les médecins et personnel soignant sont entrés en grève sèche le mercredi.
Le Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur et la Confédération Indépendante des Syndicats du Tchad, regroupés au sein d’une plateforme, revendiquent les arriérés de salaire et exigent la suspension des mesures de redressement des finances publiques prises par le gouvernement.
Aujourd’hui, le malaise semble avoir gagné les forces de défense et de sécurité, jusqu’au sein de la garde présidentielle. Non seulement qu’on accuse des retards dans le versement des salaires, mais aussi les primes de septembre ont été réduites, alors que ce corps de 15.000 hommes s’estimait à l’abri des mesures d’austérités. Ces militaires n’acceptent pas qu’on leur gruge une partie de leur salaire.
Tout un paradoxe étant donné que le Tchad a réservé trois quarts de son budget annuel au ministère de la Défense nationale et des anciens combattants. Cette part du lion de plus de 76 % du budget national était justifiée l’an dernier par le recrutement de huit mille soldats, et par une situation instable dans la région.
Et c’est justement cette répartition inégale qui a été à l’origine de la contestation des syndicats, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Le secteur le plus touché par cette grève sèche est la santé publique. A l’hôpital général de référence nationale, la désolation est à son comble. Tous les services tournent au ralenti en dehors du service des urgences où, sur initiative du médecin chef dudit service, Annour Mahamat Abdélaziz, un service minimum est assuré.
Malgré l’instauration de ce service minimum par humanisme, les patients ne cessent de se plaindre. Les pertes en vie humaine sont enregistrées chaque jour à cause d’une pathologie qui pouvait être guérie s’il n’y avait pas cette grève sèche. Les malades arrivent à l’hôpital, il n’y a ni médecins, ni infirmiers pour s’occuper d’eux. La situation est difficile. Doit-on pour cela rester à la maison et laisser les gens mourir ? Difficile de répondre.