Bakary Samb est le directeur de l’Observatoire des radicalismes et des conflits religieux en Afrique. Il est aussi professeur à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (Sénégal). Selon lui, les Djihadistes menacent l’Afrique et le monde. « On n’a jamais vaincu une idéologie avec un code pénal ou une kalachnikov », explique le directeur des conflits religieux en Afrique.
« On fait comme si la région venait de découvrir ce que tout le monde appelle la +radicalisation+, alors que ce phénomène est le fruit d’un processus remontant aux années 70 ! », explique le directeur des conflits religieux en Afrique.
C’est à ce moment « que cette bataille a commencé, pas maintenant comme on l’entend souvent. Et nous sommes en passe de la perdre pour l’instant », dit-il.
À l’époque, la sécheresse a durement frappé les États de la bande sahélienne qui ont alors reçu le soutien financier des pétromonarchies. « Ces dernières ont donné pour la construction de mosquées, pour les activités de nombreuses ONG religieuses. Puis dans les années 80/90, après la sécheresse, ce sont les politiques d’ajustement structurel menées par la Banque Mondiale et le FMI qui ont contribué à déstructurer les politiques sociales, de santé et d’éducation. Nos Etats se sont retrouvés à genoux », fait-il comprendre dans ses propos.
Selon lui, c’est là véritablement que sont apparues les ONG religieuses, qui ont finalement remplacé les États auprès de certaines couches des populations, et ces toutes confessions confondues.
« On a tendance à parler des associations islamistes en premier lieu, mais il ne faut pas oublier les structures pentecôtistes par exemple. Toujours est-il qu’au message des États s’est substitué un message religieux, qui plus est en contradiction avec celui délivré par l’Islam local », poursuit-il.
On a alors commencé à assister à « un choc des systèmes religieux : l’Islam d’obédience soufie enraciné en Afrique s’est retrouvé confronté au wahabbisme salafiste. Les États africains n’ont pas intégré la dimension sécuritaire du phénomène », a-t-il conclu.
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