La Baie des Rois, cette petite presque île artificielle, sortira-t-elle de terre un jour ? Mythe d’un projet trop gros pour le Gabon ? Ou réalité d’une future capitale moderne, s’arrimant au 21ème siècle ?
Plus de six années se sont écoulées depuis le lancement de ce projet pharaonique en 2012, rêvé sur le modèle de Palm Island à Dubai, cette île des milliardaires, en forme de palmier. Annoncé en grande pompe au New York Forum Africa, ce projet succédait aux ambitions avortées d’une entreprise Sud Africaine 15 années auparavant. Un rêve de Omar Bongo dans les tiroirs depuis près 35 ans. Depuis, les librevillois n’ont pas vu pousser une route, un seul immeuble, ou même un terrain plat. Allant jusqu’à qualifier ce tas de terre de 360.000 mètres carré de Dunes du Pilat. De quoi faire hérisser les cheveux des premiers promoteurs. Eux qui ont eu tout le mal du monde à boucler le financement du projet.
Un tas de terre, qui ternit l’image du Président Ali Bongo, lors de l’élection présidentielle. Aucun des candidats de la compétition à la présidentielle ne se gêna pour qualifier ce projet de « grotesque, et non prioritaire pour l’amélioration des conditions de vie des gabonais« . Argument et tremplin pour qualifier ainsi le gouvernement « d’amateurs, en manque de réalisme, et de fantaisistes« . En politique, c’est ce qu’on appelle le Boomrang : lorsque le maire d’une ville décide de faire passer un tramway, il a toutes les chances de ne pas être réélu à cause des désagréments et des critiques. C’est le maire qui lui succédera, qui engendrera tous les bénéfices.
Il est vrai, même aujourd’hui, que beaucoup de gabonais et gabonaises, ne comprennent toujours pas ce projet. A quoi servira-t-il? Est-il prioritaire, devant les besoins d’électrification de certains villages, et de distribution d’eau potable? Et même de réhabilitation de routes nationales goudronnées ? Concrètement, quelles retombées économiques pour le Gabon ? Et qu’est ce que le gabonais lambda, pourra en tirer?
L’émergence d’un pays ne se décrète pas
Elle se construit, cela prend du temps, nécessite une vision claire, un plan, et de l’argent. Les projets de grande envergure eux-aussi suivent le même le processus : une phase d’étude, un plan, et de l’argent. Ainsi, à Dubaï, Palm Island a mis 8 ans pour être construite, de 2001 à 2009. La baie Eko Atlantic au Nigéria, n’est toujours pas terminée, elle a été lancée en 2008.
Néamoins, pour les promoteurs, cette marina dotera la capitale gabonaise d’un Centre des Affaires modernes, et d’un port de loisir. Elle attirera de nombreuses entreprises soucieuses de disposer de locaux de standing, en plein centre ville, à des prix attractifs. Les hôtels, supermarchés et galeries commerciales qui s’y installeront, créeront des centaines d’emplois directs et des milliers d’emplois indirects.
En outre, selon les nouveaux responsables du projet, le retard accumulé est dû principalement à la mauvaise structuration du projet par les premiers promoteurs. Piloté à l’époque par le puissant ministère des Travaux Publics de Magloire Ngambia, le coût du projet, sa rentabilité, et les besoins en financement étaient sous évalués. La baisse des cours du pétrole, et la crise économique qui ont frappé l’Afrique centrale de plein fouet, ont arrêté net l’avancée du projet dans sa phase initiale. Un échec.
En 2016, le FGIS reprend la main.
La phase d’étude est reprise depuis le début. On renomme le projet Baie des Rois. Façade Maritime du Champ Triomphale (FMCT) voit le jour avec l’arrivée de plusieurs investisseurs étrangers. La levée de fonds de la première phase terminée, FMCT a annoncé au mois de septembre dernier, le lancement des phases viabilisation des parcelles. Ainsi, comme a pu le constater notre équipe sur place, les premières routes sont effectivement en construction sur le site. Les réseaux d’évacuation des eaux sont installés. Des avancées qui permettent désormais, selon les responsables, « d’activer la phase de de commercialisation des premières parcelles« . Les premiers bâtiments sortiront de terre après deux années de construction. En 2021. Patience…