Tempête à l’Union africaine (UA) où les lamentations des femmes touchent cette fois-ci un domaine autre que les abus ou le harcèlement lié au sexe.
Les discriminations qu’elles dénoncent maintenant portent plutôt sur un secteur inhabituel, l’emploi.
« On ne peut que briser le silence, car trop c’est trop ». C’est en ces termes qu’elles ont fait entendre leurs voix jusqu’aux oreilles de la plus haute autorité, le président en exercice Paul Kagame.
A travers deux mémorandums qu’elles ont fait parvenir au président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, les femmes en ont marre de l’exclusion. Elles dénoncent la discrimination dont elles font l’objet au sein de l’organe continental.
Première instance ciblée, la Commission Paix et Sécurité, à la tête de laquelle se trouve l’algérien Smail Chergui. Les femmes y épinglent les abus et excès de discriminations dont elles font l’objet.
Elles se disent être négligées pour les promotions, licenciées sans raison ni explications.
« Nous sommes complètement dépassées par le phénomène de l’apartheid professionnel qui sévit au sein du département de la Paix et de la Sécurité », s’insurgent-elles.
« Notre indignation et la dénonciation du sexisme au sein de la Commission Paix et Sécurité sont au comble. C’est un environnement toxique et trop masculin surtout à l’échelle des couches supérieures », ont-elles relevé à travers un deuxième mémo qui remonte à mi-février 2018 signé par 5 hauts fonctionnaires.
On a noté une tendance constante consistant à élaguer toutes les femmes des hautes instances de l’Institution.
D’après certains témoignages, c’est surtout pour leur âge avancé qu’elles se font virer.
Le principal accusé, Smail Chergui, s’en défend : « Les plaintes sont d’une personne qui n’est même pas membre de la Commission et qui n’a pas été retenue par un panel indépendant pour le recrutement d’un chef de division ».
« Je reste très attaché à l’égalité des sexes », a-t-il ajouté. Une situation et des accusations qui écornent l’image de l’UA.
C’est un vrai pied-de-nez qui contraste avec l’agenda de l’Union africaine qui consacre la décennie 2010-2020 à l’égalité des genres, soutient une dame sous couvert d’anonymat.
Certes, des promesses ont été faites par le vice-président de la Commission, Kwesi Quartey, qui promet d’initier des enquêtes pour tirer les choses au clair.
Paul Kagame, président en exercice de l’UA, a été saisi à son tour. Connu pour être un chantre de l’égalité des sexes dans le continent africain, sa réponse est attendue avec beaucoup d’intérêt.