RDC : Mécontentement des candidats recalés

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L’événement de ces quatre prochains mois en République démocratique du Congo (RDC) reste l’organisation de l’élection de celui qui présidera aux destinées de ce pays continent de 80 millions d’habitants au cœur de l’Afrique. Premier rebondissement : La liste provisoire sortie par la Commission électorale indépendante (Ceni) n’a pas fait que des heureux…

Il ne fallait pas s’appeler Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Samy Badibanga, Antoine Gizenga, Jean Raoul Mukengelo ou Marie-José Ifuku pour aller à la poursuite de ce graal tant convoité. Leurs dossiers plus qu’aléatoires n’ont connu que de verdict de soupçon infirmant de subordination de témoins, de double nationalité et de tous les augures ayant servi d’arguments à ce défaut rédhibitoire pour être retoqués. Sur 25 dossiers, en effet, 6 ont été recalés. Il appartient à présent à la Cour constitutionnelle de décider et à l’opposition, face à la question de leadership, de jouer la carte d’union.

L’expérience du passé

Il y a une nécessité de tenir une élection crédible en RDC compte-tenu de l’expérience du passé. Le message moins rassembleur des forces du changement, les conflits idéologiques sans propositions ni modèles, des partis politiques sans envergure nationale, le manque de programme clair des priorités pour le peuple, les incertitudes dans tous les secteurs n’ont fait que plonger ce pays dans la crise,

Et d’ailleurs, l’ONU a souligné la nécessité d’un scrutin acceptable et crédible. Les délégués de l’OIT, de l’Union africaine, de l’Union européenne et toutes les organisations internationales ont appelé de tous leurs vœux au respect des accords du 31 décembre 2016.

Mais la mise en place d’une plate-forme, Front commun pour le Congo (FCC), et la désignation du candidat dauphin de Joseph Kabila ont suscité des malaises parmi les inconditionnels du parti de la majorité, les hommes de la première heure, les idéologues. Pour preuve : Tryphon Kin-kiey Mulumba a préféré faire cavalier seul. Certains ont choisi se bâillonner pour ne pas perdre les avantages princiers. Pourtant, pour certains, le geste de Kin-Kiey est un affront, une forme de traîtrise. Le mal est déjà fait.

L’ancien sous-fifre veut aller à la chasse avec son arsenal et ses idéaux, il s’est affranchi. Combien le suivront-ils ? Les joutes promettent d’être dures. Les sondages se mêlent à ces forfaitures : Ramazani Shadary réaliserait 25, 7 %, Félix Tshisekedi 15, 60%, Jean-Pierre Bemba 7,5%, Vital Kamerhe 4%, Adolphe Muzito 3%.  A bien observer, le pourcentage de l’opposition dépasse l’escarcelle du dauphin de Kabila. Ça c’est uniquement pour les sondages!

Emmanuel Shadary, 57 ans, est originaire de la province de Maniema qui a vu naître la mère de Joseph Kabila. Face à tous les poids lourds réunis, il ne peut l’emporter. La crédibilité de ce scrutin risque de gêner les gouverneurs et les députés provinciaux qui immobilisent toute une journée les populations pour des meetings en faveur du candidat de la majorité.

Quid de la machine à voter ?

Alors que les machines à voter sont l’objet de contestation sous d’autres cieux, le président de la Ceni s’entête à faire avaler la pilule amère aux aveugles qui ont la langue pour goûter. Les évêques du Congo ont usé de tous les sermons, Corneille Nanga devient intraitable. Il croit dur comme fer que ces prototypes coréens vont faire gagner du temps. Autant d’incertitudes pour bloquer ce scrutin de tous les dangers.

La Ceni, créée pour des élections apaisées, semble s’aligner dans la logique de la grue. Les gadgets ne sont pas fiables, d’où la méfiance d’autres pays qui les ont carrément ignorés. La classe politique congolaise est appelée à se retrouver pour le retrait de cet immense gâchis introduit sans l’accord de tous.

Qu’on ne s’y trompe pas, tout est fait pour que la crise politique perdure. L’accord du 31 décembre 2016 n’a apporté que son lot de critiques relatives aux points de discorde : les manifestations publiques sont interdites, sauf pour le Parti au pouvoir le PPRD ou le FCC ; la Ceni est désormais aux ordres du pouvoir et cesse d’être indépendante ; le vote de la diaspora est renvoyé aux calendes grecques ; et la bonne gouvernance est foulée au pied.

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William Tambwe
William Tambwe, chroniqueur et éditorialiste pour Africtelegraph.

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