Une révolte populaire secoue le Mozambique 

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Le Mozambique vit une crise politique et sociale majeure, alimentée par des élections contestées et des revendications populaires grandissantes. Le Frelimo, au pouvoir depuis la décolonisation, se retrouve confronté à une contestation sans précédent, entre répression et appel à la justice. 

Le Mozambique traverse une grave crise politique depuis les élections du 9 octobre. La Commission électorale nationale a proclamé la victoire du Frelimo, le parti au pouvoir, avec 70 % des voix. Cependant, l’opposition, notamment le Partido Podemos, revendique une victoire similaire contendant les résultats et accusant des irrégularités flagrantes. Cette dispute électorale a plongé le pays dans une mobilisation populaire sans fin, alimentée par des manifestations massives dans les villes et les provinces. 

Les rues de Maputo, Nampula, et Quelimane, ainsi que les zones rurales du nord, sont devenues des théâtres de contestation. Les manifestants, composés d’étudiants, de syndicalistes, de médecins, et de jeunes des campagnes, réclament un changement radical. Le slogan « le pouvoir au peuple » résonne dans tout le pays, galvanisant les esprits. Ces manifestations ont été durement réprimées avec des bilans de morts et de blessés. La communauté internationale et des observateurs locaux dénoncent un climat de répression violente. 

Venancio Mondlane, leader de l’opposition, a été un symbole de cette résistance populaire. Exilé en Afrique du Sud après des menaces de mort, il a appelé à une grève générale et à des rassemblements. Ses appels ont réuni des dizaines de milliers de personnes, et même si Mondlane ne retourne pas en Mozambique, sa figure incarne une volonté de changement qui prend de l’ampleur. 

Le Frelimo, au pouvoir depuis la fin de la guerre civile en 1992, a vu sa crédibilité se dégrader au fil des années. Le multipartisme a certes été instauré, mais le Frelimo a maintenu son contrôle sur les institutions et les ressources du pays. Le Mozambique, riche en gaz naturel et en minéraux, est devenu un terrain de corruption, où les élites politiques profitent des ressources, laissant une majorité de la population dans la pauvreté. Parallèlement, l’insurrection djihadiste dans le nord a exacerbé l’instabilité, et le gouvernement a dû faire appel à des mercenaires étrangers pour lutter contre les rebelles. 

La pauvreté extrême touche près de la moitié de la population. Le taux de chômage, notamment chez les jeunes, atteint des niveaux alarmants. Les services publics sont à bout de souffle. Dans un tel contexte, la colère des Mozambicains est devenue irrésistible. Le Frelimo, malgré sa répression, semble perdre progressivement son emprise sur la population, tandis que l’opposition réclame justice et transparence. 

La situation actuelle reflète un pays à la croisée des chemins : entre un pouvoir en déclin et une population qui aspire à un renouveau démocratique, la crise au Mozambique pourrait marquer un tournant historique. 

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