Etienne Tshisekedi est décédé mercredi 1er février 2017, à Bruxelles, à l’âge de 84 ans.
L’opposant historique congolais Etienne Tshisekedi est mort mercredi 1er février 2017, à Bruxelles, la capitale belge. Il avait 84 ans. Ses admirateurs l’appelaient « Tshitshi », le « Sphynx de Limete ».
Etienne Tshisekedi est mort mercredi à l’âge de 84 ans. Son nom est étroitement lié à la vie politique de la République Démocratique du Congo (RDC). Il était opposant à plusieurs régimes qui se sont succédé à Kinshasa. D’abord à celui de Mobutu, ensuite celui de Laurent-Désiré Kabila, enfin celui de l’actuel président Joseph Kabila.
Il est considéré comme un démocrate courageux, un homme d’Etat qui dit haut et fort ce que beaucoup d’autres pensent tout bas. Il est le premier homme politique congolais à avoir publiquement traité l’ancien président Mobutu Sese Seko de dictateur. Il fallait vraiment être courageux pour le faire à l’époque.
Étienne Tshisekedi est d’origine luba. Il obtient son diplôme de docteur en droit à l’université Lovanium de Kinshasa en 1961, devenant ainsi le premier diplômé en droit du Congo. Déjà en 1960, il est membre du collège des Commissaires généraux, gouvernement provisoire mis en place par Joseph-Désiré Mobutu après un coup d’État, en tant qu’adjoint du commissaire à la Justice, Marcel Lihau.
Les historiens Jean Mpisi, Ludo de Witte et d’autres l’accusent d’avoir pris part à l’extradition de plusieurs lumumbistes (Pierre Léopold Elengesa, Jacques Fataki, Jean-Pierre Finant, Emmanuel Nzuzi, Jacques Lumbala, Christophe Muzungu, Joseph Mbuyi, Barthélémy Mujanayi, Camile Yangara) vers le Sud-Kasaï sécessionniste, mettant en avant une lettre publiée dans le journal La Nation en chantier au 18 janvier 1993 sous les ordres de Mobutu. Cette lettre à Sa Majesté l’Empereur du Sud Kasaï « le Mulopwe » à Bakwanga, datée du 23 décembre 1960, est destinée à Albert Kalonji, et est, depuis 1993, copiée et recopiée dans les milieux congolais, sans qu’elle soit attestée ni contestée par Tshisekedi. Néanmoins c’est Tshisekedi qui, fin septembre 1960, fut un des premiers à exiger des mesures fermes contre Lumumba.
Dans cette lettre, Tshisekedi exprime son contentement à propos de l’incarcération des « principaux lieutenants du crapaud » Patrice Lumumba. Il dit que son équipe « reste concentrée sur le sort à réserver à ses anciens collaborateurs pour empêcher la pérennisation de son œuvre de destruction », et extrade ces lumumbistes « aux fins de leur faire subir un châtiment exemplaire » et que « c’est de cette manière que nous serons utiles à la cause que vous défendez ».
Entre 1961 et 1965, Étienne Tshisekedi est le recteur de l’École nationale de droit et d’administration (ENDA). Il participe au gouvernement congolais et devient ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières du président Joseph-Désiré Mobutu en 1965. Il prend part à la rédaction de la Constitution congolaise de 1967. Cette même année, au conclave de Nsele, Tshisekedi rédige, avec Mobutu, Justin Bomboko et Singa Udjuu, le manifeste de la Nsele, créant ainsi le Mouvement populaire de la Révolution. Ce parti devient ensuite le parti unique.
Le manifeste de la Nsele dans sa version originale prévoyait l’existence de deux partis politiques au Congo. Mobutu le modifie unilatéralement en consacrant le monopartisme avant d’éloigner progressivement Tshisekedi à cause de l’intransigeance de ce dernier vis-à-vis du monopartisme.
En 1980, le président de l’Assemblée nationale, Kalume, meurt. Mobutu nomme Nzondomio Adokpelingbo au lieu de son remplaçant légal, Tshisekedi. En décembre 1980, Tshisekedi et d’autres parlementaires rédigent une lettre ouverte à Mobutu, la Lettre des 13 parlementaires.
En 1982, Tshisekedi participe à la fondation de l’UDPS. À la suite de cela, il est plusieurs fois emprisonné et subit une oppression avec les autres fondateurs, certains trouvent même la mort.
Lors de la période d’instabilité politique au début des années 1990, le Zaïre met en place une Conférence nationale souveraine chargée de redresser le pays. Ce forum national élit Tshisekedi Premier ministre le 15 août 1992.
Tshisekedi accède une première fois au poste de Premier ministre entre le 29 septembre et le 1er novembre 1991.
En tant qu’un des principaux opposants du pays, Tshisekedi ne peut mener à bien sa mission de remise sur pied du pays les occidentaux lui préfèrent Kengo wa Dondo et Mobutu le hait. À l’encontre des résolutions de la Conférence nationale, Mobutu démet Tshisekedi de son poste de Premier ministre le 5 février 1993.
En 1997, Mobutu, malade, n’exerce plus le pouvoir et les troupes de Laurent-Désiré Kabila s’approchent de la capitale. Pendant cette période, un vide politique s’installe à Kinshasa et un semblant d’anarchie y règne. Pour combler ce vide, Tshisekedi est de nouveau nommé Premier ministre du 2 au 9 avril 1997.
En mars 1998, la commission congolaise qui prépare une nouvelle constitution a fait savoir que Tshisekedi était déchu de ses droits politiques pour son rôle dans la mort de Patrice Lumumba en 1960 et 1961.
En 2003 Tshisekedi refuse d’entrer dans le gouvernement de transition. Il est depuis 1997, avec l’UDPS, à la tête d’un mouvement d’opposition non violent, ayant été à diverses reprises l’instigateur de manifestations, et à l’origine du boycott, avec peu de succès, du référendum du 18 décembre 2005 sur la constitution d’une Troisième République.
Le 23 décembre 2011, à l’issue d’une élection présidentielle truffée d’« irrégularités » selon plusieurs organismes locaux et internationaux ayant participé en tant que témoins à ce scrutin, Joseph Kabila est proclamé Président de la république. Étienne Tshisekedi, qui est arrivé premier au cours du premier tour, revendique la victoire définitive. Il s’auto-proclame par la suite président de la République démocratique du Congo, a prêté serment depuis sa résidence de Limete.
En mars 2012, plusieurs partis politiques dont l’Union pour la démocratie et le progrès social, la Démocratie chrétienne (DC) et le G14, des associations de la société civile, des autorités traditionnelles et des associations de jeunes se regroupent en une plateforme, la Majorité présidentielle populaire.
En juillet 2014, Tshisekedi quitte la RDC pour la Belgique où il est traité pour des problèmes de santé. Il y reste jusqu’en juillet 2016 où il effectue un retour à Kinshasa, applaudi par des centaines de milliers de Congolais. Fin janvier 2017, alors que l’UDPS participe aux négociations avec le président Kabila qui reste au pouvoir malgré la fin de son mandat, Tshisekedi quitte Kinshasa pour Bruxelles pour raison de santé.
La mort de tshisekedi et un depard du griot qui s’avais tout du pays