A la suite de la dernière audience consacrée à la détermination des indemnisations d’enfants forcés à combattre dans une milice congolaise voici une dizaine d’années, l’avocat de l’ancien chef de guerre congolais, Thomas Lubanga, a plaidé jeudi devant la Cour pénale internationale (CPI) que son client ne soit pas obligé de réparer les préjudices subis par l’ensemble des enfants soldats du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
« On ferait alors de Thomas Lubanga le bouc émissaire du phénomène des enfants soldats en Ituri », a déclaré l’avocat Jean-Marie Biju-Duval.
Condamné à 14 ans de prison, l’ex-chef de l’Union des patriotes congolais (UPC) a été reconnu coupable en 2012 d’avoir enrôlé des enfants, dont certains de onze ans à peine, et de les avoir utilisés comme soldats ou gardes du corps en 2002 et 2003 dans cette région riche en ressources.
La Cour, basée à La Haye, avait jugé que ce dernier devait payer « personnellement » des indemnisations collectives destinées à ses victimes. Un million d’euros a été alloué au dossier par le Fonds au profit des victimes. Cet organe indépendant mis en place par le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, demande notamment l’approbation des juges pour son plan de trois ans visant à réhabiliter les victimes.
Pour les experts, ces victimes sont souvent oubliées et très vulnérables, souffrant leur vie durant des conséquences de leur stigmatisation. Ils souhaitent qu’un montant plus élevé et une durée de cinq ans nécessaire à l’instauration de programmes d’éducation, d’aide psychologique et de centres médicaux spécialisés. Ce qui a fait réagir l’avocat de Thomas Lubanga qui a évoqué une identification difficile des victimes et le risque de raviver des tensions, alors que « depuis la fin des années 1990, l’Ituri, comme tout l’est de la RDC, a été submergée par le phénomène des enfants soldats. Quels enfants soldats? S’est-t-il interrogé indiquant qu’aujourd’hui ils sont tous adultes.
Il y a lieu de souligner qu’une décision sera rendue dans les meilleurs délais. La chambre étant convaincue non seulement de la nécessité d’engager sans tarder le processus des réparations, mais également est consciente des difficultés que représente l’adoption d’un ordre de réparation dans une affaire d’un type nouveau pour la CPI.
Actuellement détenu, il nous revient que Thomas Lubanga, par la voix de ses avocats, a proposé de participer à une cérémonie traditionnelle de réconciliation. Le représentant de victimes, Luc Walleyn, s’est dit « heureux de cette annonce qui semble indiquer que M. Lubanga admettrait enfin la réalité du recrutement d’enfants de moins de quinze ans » au sein de l’UPC.
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