Des responsables turcs ont des preuves audio et vidéo qui montrent que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, porté disparu, a été torturé et tué dans le consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul, a annoncé la BBC.
M. Khashoggi, critique du gouvernement saoudien, n’a pas été vu depuis son entrée dans l’immeuble du consulat le 2 octobre. Les services de renseignement turcs ont « des preuves documentées » de son assassinat, a déclaré une source proche de l’enquête.
L’Arabie Saoudite nie toujours les allégations. Il affirme que le journaliste a quitté le bâtiment. La disparition et la mort de Jamal Khashoggi ont suscité l’indignation de la communauté internationale et entamé la confiance des entreprises en Arabie saoudite. Tycoon Sir Richard Branson a mis fin aux négociations sur un investissement de plus d’un milliard de dollars des Saoudiens dans des sociétés spatiales Virgin. Et plusieurs grands chefs d’entreprise se sont retirés d’une conférence sur les investissements saoudiens plus tard ce mois-ci.
Que révèlent les enregistrements?
Les derniers rapports suggèrent qu’il y a eu une agression et une bagarre au consulat. Une source de sécurité turque a confirmé l’existence d’un enregistrement audio et vidéo. Ce qui n’est pas clair, c’est si quelqu’un d’autre que des fonctionnaires turcs les a vus ou entendus.
Le Washington Post, citant une source, a déclaré que des hommes ont été entendus en train de frapper M. Khashoggi; il ajoute que les enregistrements montrent qu’il a été tué et démembré. « Vous pouvez entendre sa voix et celle des hommes qui parlent arabe », a déclaré à la poste une source séparée. « Vous pouvez entendre comment il a été interrogé, torturé puis assassiné ».
M. Khashoggi était un chroniqueur d’un journal critique du pouvoir saoudien.
Plus tôt cette semaine, le chroniqueur Kemal Ozturk, considéré comme proche du gouvernement turc, a prétendu qu’il y avait une vidéo montrant le moment où Jamal Khashoggi avait été tué.
La télévision turque a déjà diffusé des images de vidéosurveillance du moment où M. Khashoggi est entré au consulat pour un rendez-vous, au cours duquel il devait recevoir des papiers pour son prochain mariage avec sa fiancée turque Hatice Cengiz. Séparément, une vidéo montrant des hommes décrits comme des officiers des renseignements saoudiens entrant et sortant de Turquie est apparue.
Les médias turcs ont identifié une équipe de 15 personnes qui seraient impliquées dans la disparition de M. Khashoggi. Il s’agirait de Maher Mutreb, colonel du renseignement basé à Londres, et d’un autre spécialiste des sciences judiciaires.
Et maintenant, que va-t-il se passer?
La position officielle de la Turquie est que M. Khashoggi a disparu. Et qu’il a été tué « à coup sûr ». Cependant, le gouvernement a accepté de mener une enquête conjointe avec les Saoudiens et une délégation saoudienne est arrivée en Turquie vendredi pour prendre part aux discussions prévues pour le week-end.
Leur arrivée intervient un jour après que le Prince Khaled al-Faisal, haut responsable royal saoudien, se serait rendu brièvement en Turquie, alors que la monarchie saoudienne cherchait une solution urgente à la crise diplomatique entre les deux pays.
La disparition de M. Khashoggi menace la réputation du nouveau prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman. Et les relations de son pays à travers le monde.
La disparition de Jamal Khashoggi et son assassinat présumé ont refroidi les écrivains et les activistes, en Arabie saoudite et plus largement au Moyen-Orient. Ils s’interrogent : si cela est arrivé à une personne aussi connue et bien connectée que Jamal Khashoggi, résident américain et écrivain du Washington Post, que pourrait-il arriver aux moins connus?
M. Khashoggi ne s’est pas positionné en dissident. Ancien conseiller de deux princes saoudiens, il a critiqué certains aspects de la politique saoudienne, tels que la guerre au Yémen et le manque de liberté d’expression. Tout en louant d’autres aspects, tels que les réformes sociales du nouveau prince héritier Mohamed bin Salman.
Il a plaidé en faveur d’une réforme plutôt que d’un changement de régime. Ce qui est une position très répandue parmi les Saoudiens. Il y a beaucoup de gens là-bas qui cherchent une plus grande voix dans la façon d’améliorer leur société sans être des ennemis de l’état.
