Quel avenir pour le franc CFA au sein de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ? La question était au centre d’une conférence-débat le 1er juin dernier à l’Association Imagine Gabon.
Pourfendeurs, partisans et surtout experts du franc CFA se sont retrouvés pour échanger sur la controverse qu’il y a autour de cette monnaie dans les deux régions de l’Afrique ou elle est en vigueur. Notamment la zone CEMAC et la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Le Pr Daniel Cohen, agrégé des Sciences économiques, directeur du département d’Economie de l’École normale supérieure et vice-président de l’École d’économie de Paris ; le Pr Jean Jacques Ekomie, vice-recteur de l’Université Omar-Bongo, lui aussi agrégé des facultés des Sciences économiques et membre du Comité de politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ; Fidèle Magouangou, docteur nouveau régime en Économie mathématique et économétrie et Inspecteur général des Services au ministère de l’Économie et Cédric Mbeng Mezui, fonctionnaire international, analyste financier et membre fondateur du Think-Tank Finance Afrika ont été réunis pour la circonstance.
‘’ Si les uns estiment que le franc CFA est un frein à la croissance économique des pays de la zone Franc, à cause de sa surévaluation et sa grande rigidité tout en étant un héritage colonial, d’autres par contre relèvent que son arrimage à l’Euro assure une stabilité monétaire et celle des prix. Il serait également une garantie pour la sécurisation des échanges commerciaux et des investissements directs étrangers (IDE) et stimule l’intégration régionale.’’, résume Gabonreview.
«Il y a une montée du protectionnisme, il y a une rivalité très intense entre les États-Unis et la Chine, l’Europe cherche sa place. Mais chacun sait que le grand continent du 21e siècle sera l’Afrique. Ce sera l’Afrique par sa croissance démographique, sa jeunesse». A laché l’economiste francais pour justifier le bien fondé du débat avant d’ajouter que 40% de la jeunesse du monde sera africaine d’ici les 30 prochaines années.
«Tout ça, c’est d’immenses défis. Il faut comprendre lesquels. Il faut comprendre si l’attachement à la zone euro peut les aider. Est-ce que les pays africains qui ont d’immenses besoins d’investissement pourront trouver un adossement à l’Europe dans ce cas, ça vaut peut-être la peine de continuer. Mais si les financements viennent d’ailleurs, alors la question de leur attachement à la zone euro se posera», a-t-il poursuivi.
Selon notre confrère, ‘’le Dr Fidèle Magouangou propose la création d’une monnaie nationale. Ceci d’autant plus, estime-t-il, que les conditions d’une zone monétaire optimale ne sont pas remplies. Quant à Cédric Mbeng Mezui, ce débat sur le franc CFA doit être sous-tendu par une intégration communautaire parce que la Cemac sera tôt ou tard entourée de grands ensembles. Dans ce contexte, il propose par exemple d’envisager l’usage de la cryptomonnaie, de renoncer à la convertibilité. Ce qui évitera le recours au compte d’opération.’’
Nombreux comme le Pr Daniel Cohen se sont réjoui du mérite que ces échanges ont d’être posés. Rappelons que la modération de cet échange était assurée par l’actuel ministre d’État en charge de l’Habitat, Régis Immongault, par ailleurs membre fondateur d’Imagine Gabon. Il a connu la participation de nombreuses personnalités dont d’anciens ministres de la république et des étudiants.
Be the first to comment on "Franc CFA et zone CEMAC: Un débat d’experts à Imagine Gabon"