Le porte-parole du gouvernement gabonais a apporté des clarifications le 27 février à Libreville en réponse aux allégations des responsables du groupe français Veolia.
Depuis que le divorce entre l’État Gabonais et le groupe Veolia a été prononcé, la guerre des mots a pris le dessus. Le groupe Veolia a été le premier à monter au créneau pour dénoncer ce qu’il appelle « une expropriation brutale ». De son côté l’État qui est à l’origine de la rupture du contrat de concession de l’entreprise française évoque la dégradation de la qualité de service. Dans sa communication mardi, le ministre de la communication est revenu de bout en bout sur cette affaire pour mieux édifier l’opinion publique nationale et internationale.
On apprend d’Alain-Claude Bilie By Nze que le contrat de concession avec Veolia était arrivé à son terme. En plus de la mauvaise qualité de service offert aux usagers dans le cadre de l’approvisionnement en eau potable, la SEEG, filiale de Veolia, est également responsable de nombreux dégâts environnementaux sur ses sites de production. Lors des négociations pour le renouvellement de son contrat, l’État Gabonais a posé certaines conditions allant dans le sens de l’amélioration de l’offre de service, explique Bilie By Nze. Mais les responsables de Veolia ont préféré quitter la table de négociation. Ce qui a simplement amené l’État à résilier le contrat.
S’agissant de la réquisition des locaux de la SEEG, le porte-parole du gouvernement Gabonais précise que les policiers ayant investi les lieux n’étaient pas armés et qu’ils accompagnaient juste l’huissier de justice qui servait de sommation aux responsables de l’entreprise. Il relève qu’aucune violation n’a été faite à l’endroit du personnel et des responsables de cette entreprise. Explications qu’avait déjà donné son collègue en charge d’Eau et de l’Energie.
Et les dettes ?
Pour ce qui est de la dette de l’État envers la SEEG, les responsables de ladite entreprise évoquent 44 milliards de Fcfa au 31 décembre 2016. Mais l’État qui dit ne pas être redevable envers cette entreprise parle plutôt d’une dette estimée à 27 milliards de Fcfa. Une dette qui, selon Bilie By Nze est repartie ainsi qu’il suit : 9,6 milliards au titre des contributions spéciales en eau et en électricité ; 5,95 milliards au titre de l’impôt sur les sociétés ; 4,6 milliards de francs CFA au titre de l’achat de l’énergie auprès de la société de Patrimoine ; 4,1 milliards au titre de la TVA ; 2,8 milliards de francs CFA au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
S’appuyant sur cette répartition de la dette, l’État a, en guise de compensation, décidé de céder une partie de ses revenus à la SEEG. Par conséquent sa dette envers la SEEG se chiffrait au 31 décembre 2016 à 13, 640 milliards Fcfa. C’est d’ailleurs cette dette, selon Bilie By Nze qui a fait l’objet de la signature de convention d’apurement le 27 octobre 2017. Il ressort aussi de cette communication gouvernementale que l’État a reçu de la part de la SEEG un projet d’avenant à la convention d’apurement dans lequel la SEEG arrêtait le niveau des arriérés vis-à-vis de l’État à 24, 826 milliards franc CFA. Chose curieuse, la dette de l’État envers cette entreprise était similaire à ce même montant. Le ministre conclut que les deux parties sont à cet effet arrivées à une somme nulle et que le reste de la dette à solder n’est que 13 milliards de Fcfa. Cependant en raison de sa faible consommation en eau potable et en électricité, le porte-parole a annoncé qu’un audit sera fait.
Ces dégâts causés par SEEG-Veolia
En plus d’offrir un mauvais service aux usagers en dépit des efforts fait par le gouvernement pour régler progressivement sa dette envers la SEEG-Veolia, l’entreprise est également responsable d’énormes dégâts sur l’environnement. Une mission de la Direction générale de l’Environnement, mandatée par le gouvernement au sein de la SEEG a révélé la violation flagrante par cette entreprise de la réglementation en matière de gestion des déchets des hydrocarbures, ainsi que des déchets sur le site. La Direction générale de l’environnement a constaté au cour de cette mission une pollution à outrance dans les sites de la SEEG à Lambaréné, Ndjolé, Mitzig et Oyem.
A Lambaréné par exemple, les hydrocarbures sont déversés sans gêne dans le fleuve Ogooué. Pourtant c’est dans ce même cours d’eau que la SEEG prélève de l’eau pour la consommation des ménages. Des cas similaires ont également été constaté par la mission à Ndjolé, Mitzig et Oyem. De ce fait, des mesures urgentes s’imposent notamment le principe de pollueur-payeur. Car la situation est même très grave et expose les populations à de gros risques. L’État Gabonais pourrait donc passer à l’offensive à travers des poursuites judiciaires à l’encontre de la SEEG-Veolia.
Si jamais l’entreprise française est reconnue coupable, elle pourrait faire l’objet des sanctions en vigueur et payer des dommages allant de 50 à 500 millions de Fcfa par site pollué. Or, c’est la totalité des sites exploités par la SEEG qui sont pollués. Dans ce combat, Veolia pourra-t-il survivre ? En tout cas, le bras de fer entre l’État Gabonais et Veolia sera certainement riche en épisode.