La répression dimanche dernier des messes dans des églises à coups de gaz lacrymogène par les forces de sécurité de la République démocratique du Congo suscite plusieurs réactions.
La dernière en date est celle du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, l’archevêque de Kinshasa qui dénonce, condamne et stigmatise les agissements des prétendus vaillants hommes en uniforme qu’il qualifie ni plus ni moins d’une barbarie.
Le cardinal Monsengwo qui a joué un rôle de premier plan dans l’histoire de la RDC depuis la décennie 1990 s’est interrogé : comment faire confiance à des dirigeants incapables de protéger la population, de garantir la paix, la justice, l’amour du peuple ? D’après lui, il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo.
Selon l’archevêque de Kinshasa, le climat politique en RDC est caractérisé par un regain de peur et d’énervements, d’incertitude sinon de panique. L’épiscopat, qui ne donne pas de bilan précis mais parle de « mort d’hommes », a, dans un communiqué, demandé une enquête sérieuse et objective pour établir les responsabilités. Il a condamné l’atteinte à la liberté de culte garantie dans tout État démocratique, l’attaque de certaines églises et l’agression physique des fidèles dont les servants de messe et les prêtres.
Les marches de catholiques exigeaient l’application d’un accord de sortie de la crise née du maintien au pouvoir de Joseph Kabila, signé le 31 décembre 2016 qui prévoyait l’élection en fin 2017 d’un successeur. Le dernier mandat du président Kabila, au pouvoir depuis 2001, s’est achevé en décembre 2016 et la Constitution lui interdit de se représenter.
Polémique sur les morts
Le bilan de la répression des dernières manifestations a provoqué une polémique entre la police qui dit qu’aucun mort » n’a été enregistré et d’autres sources qui font état de victimes. Le porte-parole des organisateurs, Jonas Tshiombela parle d’une douzaine de morts répertoriés : 11 à Kinshasa et un à Kananga dans le centre du pays.
L’ONU a, de son côté, fait état d’une violente répression qui a occasionné la mort d’au moins cinq personnes, plusieurs blessés et l’arrestation de plus de 120 personnes. La police a rétorqué que les morts n’étaient pas des manifestants mais des pillards et des bandits tués loin des lieux des manifestations. Le gouvernement a fait état d’un policier tué le même jour dans « l’attaque » d’un commissariat de police.
De son côté, la France s’est dite « préoccupée par les violences » et a souligné que le droit de manifester pacifiquement était « une composante essentielle de la démocratie ». Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères « appelle à la tenue effective des élections conformément au calendrier électoral publié le 5 novembre 2017 », qui prévoit l’organisation de la présidentielle le 23 décembre 2018.
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