Tribune libre. En 1979, l’UOB délivrait des licences et pas encore des maitrises ? Et alors ? La licence était préparée en 4 ans et s’est muée en maîtrise quelques années après. Dire aujourd’hui qu’on a une licence en droit, c’est entrer dans la logique du système LMD au sein duquel ce diplôme est plutôt délivré en trois ans. Par conséquent, il faut voir, non le libellé mais le cursus.
Maintenant, si le diplôme est un sésame, il n’est pas une garantie de compétence. Quand on écoute aujourd’hui les super diplômés, quand on lit les courriers officiels, par eux initiés ou signés, difficile d’établir une corrélation entre diplôme et compétence.
En parlant justement de compétence, 3M (Marie Madeleine Mborantsuo) a su capitaliser sa position pour sans cesse repousser ses limites intellectuelles, s’instruire et se cultiver auprès des meilleurs. Résultat : elle compte parmi les meilleurs juristes du pays et fait autorité hors de nos frontières. Sa science est sollicitée par ses pairs d’Afrique et d’ailleurs. On doit en être fier au même titre que le ballon d’or obtenu par Aubameyang.
Que ceux qui ont soif d’apprendre prennent part, un jour, à une séance de la Cour Constitutionnelle. Un vrai régal ! Sauf mauvaise foi, on y sort enrichi, même si on est un juriste chevronné. Les avocats du Barreau qui défendent leurs clients à l’occasion des contentieux électoraux n’en diraient pas davantage, tant cette grande dame en impose par sa prestance, son charisme, sa maîtrise du droit, de la matière et la langue française !
Ah oui, 3M est milliardaire ? A-t-elle besoin pour le devenir de détourner forcément des fonds publics ? Si, parmi toutes celles ou tous ceux qui ont longtemps occupé de très hautes fonctions : présidents d’institutions, premiers ministres, Ministres, DG de sociétés d’État ou parapubliques, DG de régies financières, etc., une personne ne figure pas sur la liste des plus grandes fortunes du pays, c’est à désespérer.
A la différence de ceux qui ont joué à la cigale, il faut tirer un chapeau aux autres qui ont su placer leur argent et diversifier leur patrimoine. 3M est de ceux-là.
Est-elle la seule personne concernée ? Qui peut justifier par le seul héritage de ses parents, l’origine des immeubles ou des résidences cossues qui jalonnent majestueusement les grandes artères de Libreville ou les hôtels particuliers détenus dans les métropoles occidentales, y compris par les nouveaux contempteurs du régime, soudainement devenus des professeurs de vertu du fait simplement d’avoir changé de camp ?
Le crime de 3M ? Avoir été proche d’Omar Bongo ? Que celui qui a pu se hisser au firmament de ce pays sans la sollicitude d’Omar Bongo lui lance donc la première pierre !
Avoir contrarié les ambitions politiques de certains ? Dans ce cas, elle devrait avoir autant d’ennemis que de soutiens. Car, au cours de sa longue histoire, la Cour Constitutionnelle qu’elle préside avec maestria a invalidé plusieurs scrutins législatifs et locaux, rétablissant dans leurs droits des candidats lésés ou victimes des manœuvres de leurs adversaires.
Toute cette cabale est à mettre au compte du « mauvais coeur » dont les Gabonais sont les champions du monde. Tu achètes une voiture ou construit une maison ? Tu es un voleur ou tu es dans la Rose-Croix ! Personne ne peut réussir par son propre mérite. Le nivellement par le bas et la médiocrité contre la réussite personnelle et l’excellence, c’est dans l’ADN du Gabonais.
3M, une femme, que dis-je, une dame, est pour les nouvelles générations, un modèle de réussite, de professionnalisme, de rigueur, de réserve.
Hélas, l’honnêteté intellectuelle pour le reconnaître, est la chose la moins bien partagée sous le ciel équatorial africain. Triste.
Par Jean Valentin Leyama
