Dans les pays de vieille démocratie, les acteurs politiques, syndicaux et ceux de la société civile savent faire le distinguo face aux différents enjeux qui jalonnent la vie de leurs nations respectives.
On les voit ainsi donner la démonstration de leurs capacités à pouvoir concilier deux logiques d’apparence contraires avec une étonnante cohérence.
De ce point de vue, ils savent à quel moment et face à quels enjeux tirer la couverture de leur côté pour défendre des intérêts partisans ou prêcher pour leur chapelle.
Tout comme en revanche, ils savent face à quelles problématiques leur revient-il de reléguer leur égocentrisme au second plan pour laisser l’intérêt supérieur de la nation triompher, par patriotisme.
C’est cette dernière option qu’ils adoptent presque par culture, sans que personne ne les y force, quand il s’agit de faire face aux questions majeures qui touchent ou relèvent de la survie de la nation.
Que dirions-nous alors par exemple sur la question concernant les mesures liées à la réduction du train de vie de l’Etat au Gabon qui visent l’optimisation des recettes et de la dépense publique ?
Ces mesures, tout le monde le sait, divisent l’opinion et alimentent la polémique au sein de l’ensemble de la pyramide sociale. Chacun tire la couverture de son côté.
Vu l’ampleur des cris d’orfraie que cela suscite au sein de la cité, est-il normal de voir la classe politique, les partenaires sociaux et la société civile si fracturée face à ces mesures qui ne visent qu’à protéger l’Etat ?
Oui ou non ceux qui mettent en doute la pertinence de ces mesures ont-ils raison ou tort ?
Le débat ici ouvert ne vise pas à situer les responsabilités sur le fait de savoir qui a fait quoi. Loin de nous l’intention de vouloir éluder cet aspect, quitte à y revenir en d’autres circonstances.
Soit dit en passant, le moins que l’on puisse dire sur cette question est qu’il y a à boire et à manger.
Revenons aux mesures de redressement des finances publiques arrêtées par le gouvernement le 21 juin dernier. Tout est parti du rapport du « Task force » ayant révélé « un déséquilibre important de nos finances publiques qui se présente sous la forme d’une diminution constante de l’investissement et d’un accroissement massif du déficit dont l’une des causes objectives est le poids énorme de notre masse salariale et de la dette publique qui absorbe la presque totalité de nos ressources propres ».
Ce constat indique clairement que les cinq dernières années, le budget de l’Etat se caractérisait par une évolution anormale de la masse salariale qui compromet considérablement les efforts d’investissements et donc de croissance économique du pays, affectant substantiellement les politiques publiques en matière sociale particulièrement.
Il n’en fallait pas plus pour que, prenant conscience qu’on faisait fausse route, le gouvernement de la République réagisse avec promptitude pour éviter au pays des lendemains incertains.
L’on peut tout dire, en dehors de l’invective à caractère politicien, personne ni chez les opposants ni dans les rangs des syndicats n’a pu démontrer que les arguments développés par les gouvernants sont insuffisants ou indignes de constituer « la raison d’Etat ».
Face aux menaces graves ou à son Etat en danger, que ne ferait pas un patriote pour tenter de maintenir la mère nourricière débout ?
A l’image de la mobilisation qu’affichent les peuples de vieille tradition démocratique comme les Américains ou les Français quand la survie de leurs nations est menacée, sachons faire bloc avec patriotisme pour sortir le Gabon de la mauvaise passe dans laquelle le pays est englué depuis plusieurs années.
C’est, à n’en point douter, le sens de l’appel qu’a récemment lancé le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, en magnifiant le bien-fondé des mesures gouvernementales et leur caractère indispensable tout en sollicitant la coopération, l’esprit patriotique et l’engagement de différents acteurs politiques, syndicaux et même ceux de la société civile pour faire prospérer l’application de ces mesures gouvernementales historiques.
Sera-t-il entendu dans son appel ? Toute la question demeure.