Alors que la Coalition pour la nouvelle République (CNR) avait annoncé une communication importante au lieu de s’imposer un strict mutisme médiatique, c’est sans ambiguïté qu’elle est retombée dans les pulsions malencontreuses relatives à la violence des mots.
L’absence des vrais chefs de l’opposition en dit long sur le délire de cette récupération politique par l’expression de la propagande de ce qu’ils nomment outrancièrement un fait politique. Parmi les leaders invités à ce salon ou bouillon de culture idéologique, ceux qui ont refusé poliment ont d’excellents motifs sur la pertinence d’un énième courant critique.
Visage mélancolique qu’éclaire un regard inquiet parfois froid, souvent irritable, rarement ironique, l’orateur du jour, du crâne duquel surplombaient des yeux menaçants, les traits qui donnent un air de colère et lui font un masque horrible du poids de l’âge.
Un encyclopédiste précédé d’une réputation, à défaut des casseroles, il s’est forgé un humour à pouvoir retourner les poncifs, à étaler d’un bonnet d’âne ses adversaires, on dirait un maestro dans l’art de se moquer des travers qu’il tisse à chaque anecdote. C’est une transe collective pour rien. Sans suite.
L’homme à qui on a édicté des illusions, tance la plus haute institution. Il eût été impensable que ce laïus perdît de son contenu de la guerre des mots et non des idées. Des pléonasmes ravageurs et la vacuité des débats sur des sujets clés pour ne se porter que sur le vote.
Du coup, un professeur de Sciences Po a affirmé : « La cristallisation du vote redonne toute son importance au discours politique, tout particulièrement à la qualité de l’argumentation et à la crédibilité de celui qui la porte. »
De fait, il est difficile par manque d’arguments de ne pas virer à l’irrationnel. Il n’y a pas de hasard à devenir opposant : lassé des exploits et des vertus de l’adversaire, il sombre dans les polémiques stériles qui n’ont pas de prise sur le vrai débat républicain. Le Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir) a bon dos, la CNR a beau fronder le gouvernement, que sait-on d’autre de ces hommes qui quittent le monde de Machiavel pour retomber dans celui de Savonarole.
Du cynisme dont les dommages collatéraux sont issus d’octobre dernier aux législatives.