Jacques Chirac. 1,90 mètres de pugnacité, de valeurs et de décisions courageuses ont ainsi rejoint le panthéon des noms qui ont marqué l’Histoire. Les Français ne l’oublieront pas de si tôt, eux qui l’ont gardé dans leur cœur après son départ de l’Elysée, malgré 12 années de gouvernance qui n’ont pas toujours emporté le sourire chez nombre d’entre eux.
On pouvait ne pas l’aimer, mais il est difficile de lui dénier sa détermination, la ténacité de sa volonté et ces bons moments d’insouciance et de plein emploi qui ont marqué son passage à la tête de l’Etat français. Son nom restera à jamais attaché à l’acte le plus courageux qu’un Chef d’Etat français ait pu poser depuis la résistance du Général de Gaulle à l’invasion allemande pendant la deuxième guerre mondiale : son « Non » catégorique à la guerre en Irak en 2003 contre la toute puissante Amérique de Georges W. Bush. Et qui a déclenché une guerre d’Irak avant la guerre et qui a valu au président Chirac des vertes et des pas mûres.
Un acte perçu comme un symbole de virilité mais aussi de bon sens pour empêcher que naisse cette géante bestiole maléfique qui a désormais déroulé ses vénéneuses tentacules dans les rues irakiennes. C’était un président de vision donc.
« J’aime et je respecte l’Afrique »
Jacques Chirac était aussi l’ami d’Africains. « J’aime et je respecte l’Afrique », déclare-t-il d’ailleurs au sommet France-Afrique de 2007. Du président Omar Bongo Ondimba en passant par Félix Houphouët-Boigny et Faure Gnassingbé Eyadema, sans oublier Mohamed VI, l’ancien député de Corèze a su cultiver des relations particulières avec de nombreux Chefs d’Etat du continent. Ce n’est pas le président Congolais Denis Sassou-Nguesso qui dira le contraire, lui pour qui Chirac « était un ami personnel, un ami du Congo et de l’Afrique » ou encore l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, qui révèle qu’il lui a « sauvé la vie après le complot qui a abouti au coup d’État militaire en 1999 ».
Des relations jugées parfois incestueuses, et pas particulièrement aimées du côté notamment de la Côte d’Ivoire sous le règne de Laurent Gbagbo, et tendant à l’assimiler à une continuité de la politique de domination de la France sur ses anciennes colonies. Du reste, nombre de démocrates et d’opposants africains lui reprochent d’avoir affirmé que le multipartisme était « un luxe » pour les pays africains.
Mais on se rappellera de ses phrases où il affirmait « qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation depuis des siècles de l’Afrique (…). Alors il faut avoir un peu de bon sens, je ne dis pas de générosité, un peu de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu’on leur a pris».
On n’oubliera pas aussi qu’il a été vu du côté international comme un avocat de l’Afrique, plaidant pour l’annulation partielle de la dette, et pour le développement, parrainant le Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD) ou prêchant pour une meilleure implication des pays riches dans la lutte contre les épidémies sur le sol africain.
Jacques Chirac a vécu comme un Homme. En croquant la vie à belles dents, en allant au bout de ses convictions et ses ambitions, assumant ses échecs et célébrant ses succès. Qu’il repose désormais en paix.