Monsieur Mamadou Bamba Ndiaye est un ancien Ministre de la République du Sénégal. Il fut aussi directeur de Publication d’un journal de la place à Dakar. Avec beaucoup de courtoisie, cet homme s’est confié hier, mardi, à la rédaction d’Africtelegraph pour répondre à nos questions. Il s’est exprimé sur le terrorisme.
Africtelegraph : Vous avez été Ministre de la République. Pouvez-vous nous faire une analyse de la situation au Sénégal, concernant le terrorisme au moment où, certains imams sont en détention avec des jeunes pour des faits présumés de terrorisme ?
Mamadou Bamba Ndiaye : Malheureusement, au Sénégal, il y a beaucoup de bruit et on laisse faire. Ce qui n’est pas normal dans un Etat de droit. On a l’habitude de dire qu’une affaire qui est pendante devant la justice doit être tue par tout le monde, parce qu’à partir du moment où la justice s’est saisie d’un dossier, tout le monde doit se taire. Malheureusement, on constate que les choses ne se passent pas ainsi au Sénégal.
Il y a eu beaucoup de dossiers politiques que nous connaissons. A chaque moment, les gens interviennent et interfèrent sur le travail de la justice. Le défi qui nous intéresse est l’affaire de l’Imam Alioune Badara Ndao et Cie. Dans ce dossier, on dit toujours des contre-vérités. Je veux vraiment que l’on respecte le principe de droit. Il est difficile de le faire au Sénégal.
Aujourd’hui (mardi), j’ai vu dans le journal sénégalais la Libération, qu’on cite Alioune Ndao pour raconter des histoires. Ce qui est inadmissible, des journalistes rendent comptent des PV. Des PV de la Police ou de la gendarmerie doivent être gardés pour la justice d’autant plus, dans ce procès, lors de la première audience, les avocats disaient qu’ils n’avaient pas le dossier. Comment pouvez-vous comprendre que des avocats d’un homme qui est en détention ne puissent pas avoir le dossier. Pendant ce temps, un journal se permet de diffuser des PV.
C’est incroyable. La justice laisse faire y compris l’Etat Sénégalais. Dans ce cas de figure, il est normal que des familles se réunissent pour éclairer l’opinion. Sinon, les gens se contenteront uniquement des mauvaises informations qu’on relate dans la presse. On est entrain de charger ces dossiers. Cela pourrait influencer le procès du 14 février sur les détenus soupçonnés pour des faits présumés de terrorisme. Ce n’est pas normal. J’avoue qu’on doit combattre cela.
Africtelegraph : Quelle différence faites-vous entre apologie du terrorisme et terrorisme ?
Mamadou Bamba Ndiaye : Au Sénégal, les gens doivent faire attention tout en évitant de faire des confusions. En matière de terrorisme, il y a des actes terroristes, l’apologie du terrorisme et tout ce qui s’en suit. Prenons l’exemple de la France ou un autre pays du monde. Je prends l’exemple de la France, parce que, c’est le pays qui s’acharne plus sur le terrorisme. En France, le cas d’apologie du terrorisme est très différent d’un acte terroriste.
Au Sénégal, à ce que je sache il n’y a pas encore un acte de terrorisme. Je n’ai jamais entendu parler de terrorisme dans ce pays. Jusqu’à présent, les terroristes n’ont pas attaqué le Sénégal. Maintenant, il y a des gens qui sont en détention. Il y a quelqu’un qui a déjà purgé sa peine.
C’est le cas de l’Imam Ibrahima Sèye de Kolda. Il a été d’abord jugé pour apologie du terrorisme. C’est le premier cas qui a été jugé au Sénégal dans ce domaine. Il avait dans un premier temps purgé un an. Il fallu que le président de la République, Macky Sall, fasse une déclaration en France disant que la peine est trop petite. Compte tenu de tout cela, le parquet était obligé de faire appel et on lui a ajouté un an. Au total, l’Imam Ibrahima Sèye a passé deux ans en prison. Il est sorti au mois d’octobre dernier.
Voilà le cas d’Apologie qui a été jugé au Sénégal. Donc, ce cas est différent d’un acte de terrorisme. Or, avec les détenus qui sont en prison en ce moment, les gens pensent qu’ils sont des terroristes. Ce qui n’est pas le cas. On peut les condamner pour blanchiment de capitaux ; mais ils ne sont pas encore des terroristes. Donc, nous devrons bien faire la part des choses.
Africtelegraph : Le Sénégal est-il prêt à juger un acte de terrorisme ?
Mamadou Bamba Ndiaye : Ah ! Votre question est importante. Mais, je ne le pense pas. Ce n’est pas un cas simple. Il nous faut des juges formés en la matière, y compris les avocats. Quand on parle d’apologie, il faut connaître les textes de l’Islam. Avant d’engager la bataille, le Sénégal doit se munir de tous les éléments nécessaires pour lutter contre le terrorisme.
Africtelegraph : Mr Bamba Ndiaye, Merci
La Rédaction